« Thala Mon amour » de Mehdi Hmili dans la complétion des JCC

Dans un style à la fois direct et nerveux, il vit son métier de cinéaste poète comme un engagement physique. Mehdi Hmili parle sans détours. A la silhouette de l’éternel étudiant, ce diplômé et spécialiste en cinéma, réalisation et scénario, est l’auteur de plusieurs courts métrages de fictions tels «Li-La » ou la « Nuit de Badr »…. Poète populaire également grâce à ses poèmes en dialectal tunisien, il multiplie les activités artistiques entre photo, peinture, écriture et mise en scène théâtrale, installation vidéo.  Il mélange si bien des lieux communs de vérités dérangeantes, pour mieux s’en débarrasser afin d’aller à l’essentiel dans ses différentes réalisations.

Ce brillant touche-à-tout a aussi parfois ce don d’agacer. C’est qu’en fait sans doute un moyen de protéger son art qui sort des malentendus. Il l’explique d’une manière merveilleuse pour « libérer la poésie prisonnière de l’œuvre » qui sommeillait en lui. 

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Afin de dissiper tout malentendu, ce bosseur passionné cherche avec obstination à révéler « ce supplément de réalité » ou de « cette fantaisie décorative et rêveuse de certains films qui l’exaspère.  Son cinéma permet de montrer avec la rigueur du réalisme les fantasmes de l’irréalité ou de la réalité. Il a voulu ainsi lors de la création de sa société YOL FILM HOUSE, produire indépendamment des projets originaux et innovants pour défendre sa propre vision des choses et un cinéma d’auteur loin des pressions des systèmes de financements habituels.

Sans doute, il connaitra encore plus un véritable tournant avec son dernier cru « Thala, mon amour ». Ce film qui devait sortir en septembre dernier dans les salles tunisiennes n’a pas eu lieu. Il est plutôt Passé en comité pour les prochaines JCC.  Celui-ci a été retenu à l’unanimité pour la compétition officielle 2016.

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Dans ce film, le cinéaste questionne son œuvre dans son optimisme désespéré. Le personnage principal est en effet frappé d’une déception énorme et multiple de ce « qu’on a appelé la révolution ». Il s’agit d’une histoire d’amour très étrange d’un homme envers une femme. Deux amants natifs de Thala. « Ce film est très personnel affirme Mehdi Hmili, il ressemble à un poème rassemblant des questions qui surgissent en engendrant d’autres questions. J’ai essayé de décrire la révolution tunisienne jusqu’au bout. Elle est dévoilée autrement car celle-ci n’a jamais été écrite comme il le fallait.». En rencontrant Mehdi Hmili, nous avons senti chez lui une effervescence mais aussi un contrôle et la folie d’aller jusqu’au bout également. Il confie en parlant de « Thala mon amour « Ou ça passe ou ça casse car il faudrait l’accepter jusqu’au bout. Tout est vrai et tout est faux et j’aime ça ! ». Un film à voir dans cette géographie sentimentale du cinéaste qui s’est exilé pendant longtemps pour vaincre sa révolte qui le pousse à ne pas rester sur place. A suivre durant les prochaines JCC dans sa 27ème édition prévue du 28 octobre au 05 novembre 2016.

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