Le Maroc manifeste mais le roi reste populaire

De nouvelles manifestions se déroulent encore au Maroc après la mort d’un vendeur ambulant de poissons qui s’opposait à la saisie de sa marchandise.Les élèves  ont séché pour la première fois  les cours pour venir manifester. En effet des centaines de collégiens et lycéens rejoignent le mouvement de protestation à Al Hoceïma. La colère ne retombe pas dans cette ville du nord du Maroc où Mouhcine Fikri un vendeur de poissons âgé de 30 ans,  est mort vendredi dernier dans des conditions tragiques. Il voulait récupérer sa marchandise confisquée par les autorités et qu’un camion poubelle allait détruire. Quand le mécanisme de broyage s’est mis en route, il n’a pas pu sortir de la benne.Les photos de la scène ont circulé sur Internet et la colère s’est exprimée sur les réseaux sociaux avant de gagner la rue. De nombreux Marocains accusent les autorités d’être responsables de la mort de Mouhcine Fikri. Mais au-delà, les slogans montrent effectivement une contestation plus globale contre l’injustice, l’humiliation, le mépris, l’abus de pouvoir… Tout un système commence à être dénoncé.

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Les autorités suivent la situation de très près, d’autant que la région berbère du Rif, dans le nord du pays, est connue pour être frondeuse. A une semaine de l’ouverture à Marrakech de la conférence internationale sur le climat, la COP22, le pouvoir veut à tout prix éviter que la contestation se propage. Le roi Mohammed VI, en tournée en Afrique de l’Est, a envoyé sur place deux ministres pour présenter ses condoléances à la famille et demander une enquête « minutieuse et approfondie ».  Le ministre de l’Intérieur a annoncé des conclusions rapides, dans les prochains jours. « L’Etat ne peut pas être considéré comme directement responsable de ce décès, mais l’Etat a la responsabilité d’établir les fautes et de les sanctionner », a déclaré le Ministre. Un rappel étrange avec un début de printemps arabe qu’on a envie de dire catastrophique qui a commencé en 2010 où le vendeur ambulant tunisien dont la marchandise avait été confisquée par les autorités avait provoqué des manifestations. « Ce suicide est considéré comme un élément déclencheur du Printemps tunisien » diront les observateurs. Mais  « Attention, le Maroc n’est pas la Tunisie, prévient Jean-Noël Ferrié, directeur de Sciences-po Rabat. En 2010 en Tunisie, le pouvoir était délégitimé et essoufflé, sans solution pour l’avenir. Le Maroc n’est pas du tout dans cette situation. » Le politologue rappelle que les récentes élections ont donné « une majorité claire », en reconduisant les islamo-conservateurs au pouvoir, « donc il n’y a pas de blocage politique ».

D’un autre côté,  le roi Mohammed VI reste très populaire. Difficile pour autant de dire comment la situation va évoluer avec la nouvelle manifestation a rassemblé environ 2 000 personnes à Al Hoceïma, dont certaines brandissaient des portraits de Fikri et des drapeaux berbères. Mais les milliers de manifestants descendus dimanche dans les rues des grandes villes sont restés chez eux.

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