Une première: Le Ministère de la Fonction publique et l’Instance de lutte contre la corruption s’unissent !

Les années d’oppression de la plupart des libertés fondamentales ont marqué l’ère du quart de siècle sous le poing de Ben Ali qui n’était pas facile au peuple tunisien. Les gens ont été arrêtés sur un caprice sur un coup de tête. Il n’y avait pas de liberté de la presse. La critique signifiait perdre votre emploi ou l’arrestation.

Chaque institution a été affectée. Les écoles étaient insalubres, les hôpitaux mal équipés et vétustes. Les routes, les transports en commun, les installations sanitaires… étaient insuffisantes en raison des sommes qui avaient été écrémées / pillées dans les poches de Ben Ali «gang». L’économie a souffert car les entreprises craignaient d’investir.

Même si L’année 2011 a apporté des changements, elle n’a pas abouti à des résultats immédiats tant attendus par le peuple. Au cours des cinq dernières années, il y a eu plusieurs gouvernements de transition, avec des ministères créés et des ministères supprimés. Une Nouvelle Constitution a été écrite ayant pour objectif fondamental de prévenir que des autoritaristes ne ruinent à nouveau le pays.

Elle a été célébrée par les citoyens mais beaucoup de temps a été pris pour élaborer les lois permettant aux institutions créées d’agir. L’Instance Vérité et Dignité a été créé pour assurer la réparation et un sens de la justice aux citoyens. Pourtant, d’un certain point de vue, elle a été embourbée dans la politique.

Ce sentiment que «tout le monde parle et aucune action», avec les années de mensonge et d’abus de Ben Ali, a entraîné un profond cynisme. De nombreux citoyens ne croient plus les dirigeants du pays et voient souvent la société civile influencée par des groupes d’intérêts spécifiques.

Enquête après enquête, la corruption est considérée comme le défi le plus critique auquel la Tunisie doit faire face.

La célébration, le 9 décembre de chaque année, de la journée internationale contre la corruption est une précieuse occasion pour la mise au clair d’une Charte de la Stratégie Nationale de Bonne Gouvernance et de Lutte contre la Corruption

Une cérémonie d’ouverture officielle aura donc lieu le 9 décembre à Tunis. Organisé par le Ministère de la fonction publique et l’Instance de lutte contre la corruption qui s’unissent contre elle pour le développement, la paix et la sécurité.

L’évènement verra la participation du Président de la République, du Président de l’ARP et du Chef du gouvernement unis pour la signature des plus hautes autorités de l’Etat de la Charte de la Stratégie Nationale de Bonne Gouvernance et de Lutte contre la Corruption, en concrétisation de l’engagement politique pour lutter contre la corruption.

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L’organisation d’un Congrès National sur la Lutte Contre la Corruption s’inscrit dans le cadre de la forte volonté politique exprimée en juillet dernier lors de la signature du Pacte de Carthage à faire de la lutte contre la corruption une priorité. Ce Congrès, qui coïncide avec la célébration de la Journée Internationale de Lutte Contre la Corruption, sera aussi une opportunité pour dresser le bilan des efforts déployés sur ce long chemin vers l’intégrité, présenter les principaux résultats réalisés et discuter les prochaines étapes.

Autrement dit, chacun a le pouvoir de s’opposer à la corruption sous les multiples formes qu’elle peut prendre. Il s’agit pour les Tunisiens d’être unis et de travailler ensemble, car la lutte contre la corruption est un élément essentiel à la réalisation des objectifs de développement durable adoptés par la communauté internationale (dont la Tunisie) en septembre 2015.

L’évènement se déroule également après l’organisation à Panama City de la 17ème Conférence Internationale contre la Corruption sous la devise générale : « Il est grand temps pour la justice, l’équité, la sécurité et la confiance ».  Une ne occasion marquante privilégiée pour souligner que la traque de l’enrichissement illicite et des conflits d’intérêts est seule susceptible de faire la lumière sur les diverses formes que les flux financiers illicites prennent, notamment, dans la région MENA.

A ce titre, les « Panama papers » ont révélé que le montant de l’argent public usurpé dans quatre pays de la région MENA, à savoir l’Égypte, la Libye, la Tunisie et le Yémen est estimé à 160 milliards de dollars. Ce constat est une sonnette d’alarme pour une action visant à récupérer les actifs volés et mettre fin à l’impunité.

Selon le « Global Financial Integrity », la région MENA a enregistré le taux le plus élevé de croissance des flux financiers illicites dans le monde, avec une augmentation moyenne de 31,5% chaque année tout au long de la décennie se terminant en 2011.

Les pays de cette région n’ont pas satisfait à la plupart des normes énoncées dans la Convention des Nations Unies contre la corruption (CNUCC), tant il subsiste un important écart entre la législation et la pratique. Il y a trois ou quatre ans, la Tunisie s’est attelée à la tâche de recenser lesdits gaps, c’est-à-dire les points de discordance entre sa législation nationale et les exigences requises par la CNUCC. Le diagnostic rigoureux effectué alors en avait identifié 16. Les observateurs notent que la Tunisie en a comblé une bonne dizaine. Le Congrès National sur la Lutte contre la Corruption sera l’occasion, grâce à l’adoption solennelle de la Stratégie Nationale de Bonne Gouvernance et de Lutte contre la Corruption, d’en éliminer un de plus.

Un large programme a été établi « pour renforcer la redevabilité publique en Tunisie » Son principal objectif est de favoriser l’émergence d’îlots/modèles d’intégrité autour desquels seront développées des actions collectives et des réformes sectorielles ciblées pour lutter contre la corruption.

Après l’élaboration d’une manière consensuelle, intégrée et inclusive d’une stratégie nationale et de son plan d’action, pour une lutte efficace contre la corruption, il s’agit pour les divers acteurs institutionnels d’être capables et désireux de poursuivre la corruption, d’encadrer les métiers-clé (banquiers, avocats, comptables, professionnels de l’immobilier, marchands de biens de luxe, etc.), de faire jouer à la justice le rôle important qui lui est dévolu et de protéger les dénonciateurs, dont les journalistes d’investigation.

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