Scandale à Sfax : La ville culturelle renvoie des artistes venus du monde entier ?

Un choc général est ressentie chez les artistes sfaxiens victimes « d’agressions morales infondées ». L’italo-tunisienne Michela Marghrita Sarti vice-présidente de l’association Connect-Art se confie sur ce sujet grave :

« Je veux m’exprimer au sujet des accusations infondées que la coordinatrice de Sfax capitale de la culture arabe, Houda Kchaou, est en train de diffuser sur le net concernant « connect’ART » mais avant tout je tiens à exprimer mon soutien et ma solidarité envers mon amie, l’artiste peintre Houda Ajili contre toutes les agressions morales dont nous sommes victimes depuis quelques semaines.

Concernant notre association, accusée à tort de « normalisation avec l’Etat d’Israël », je veux bien préciser quels petits détails :

  • L’association est totalement apolitique son seul objectif est la promotion des arts plastiques en Tunisie
  • Moi, Houda, Mourad et les autres membres sommes des bénévoles dans cette association. Nous ne percevons aucun salaire.
  • L’association ne bénéficie d’aucun financement étranger.
  • L’association n’a aucun lien direct ou indirect avec Israël
  • Nous n’avons participé à aucune manifestation culturelle en Israël.

En conséquence, nous ne comprenons pas cet acharnement calamiteux contre l’association, et sur nous-même.

Ce qui s’est passé à Sfax personnellement, je trouve que le blocage d’une manifestation culturelle du poids du Salon d’Automne International, honteux, déplorable et intolérable. L’interdiction de l’exposition est une atteinte directe à la liberté d’expression dont nous sommes aujourd’hui victimes avec tous les artistes participants au SAI-Sfax 2016. D’ailleurs, je ne comprends pas cette décision hâtive prise par la coordinatrice générale de Sfax capitale de la culture arabe et soutenue par les structures syndicales de la ville.  Je ne comprends pas non plus la position du ministère des affaires culturelles qui nous a laissé tomber au plein milieu d’une manifestation internationale, sous pressions régionales et syndicales. Et puis la manière irresponsable avec laquelle a été annoncée cette annulation :

  • Aucune information en bonne et due forme n’a été adressée aux différents partenaires : Le SAI n’a pas été informé de l’annulation ni à travers le ministère de la culture ni par l’intermédiaire de la coordinatrice de Sfax capitale culturelle arabe.
  • Nous avions appris la nouvelle par le biais des communiqués des structures régionales de l’UGTT dans les médias locaux et sur les réseaux sociaux.
  • Les artistes venant de plus d’une vingtaine de pays se sont retrouvés en Tunisie devant le fait accompli : une annulation d’une manifestation internationale sans préavis et une grave atteinte à leur créativité artistique, à leur crédibilité, à leur personne et à l’image de leurs pays respectifs… Un vrai désastre !
  • Enfin, le décrochage forcé des œuvres d’art à l’espace culturel Haddadien à Sfax, sous la protection des forces de l’ordre et à la présence d’un huissier notaire, deux jours avant le vernissage…

Un acte d’agression au vrai sens du terme contre la culture en Tunisie et envers tous les artistes participants. Nous trouvons inadmissible et inacceptable ce « terrorisme culturel » dans un pays comme la Tunisie qui se veut un exemple en matière des libertés et des droits de l’Homme.

Nous avons vainement demandé un rendez-vous en urgence avec le ministre des affaires culturelles pour lui expliquer la situation et se concerter sur une solution possible : trouver une autre ville d’accueil, s’excuser auprès des artistes… Aujourd’hui, nous sommes attristés par ce qui s’est passé. Nous ne savons même pas comment nous excuser auprès des artistes participants.

Nous remercions les artistes jordaniens, syriens, marocains, libanais, saoudiens, égyptiens, italiens, portugais, Libyens… qui ont exprimé ouvertement leur soutien à la Tunisie, au SAI-Sfax, 2016, à notre association et aux artistes de l’association.

Nous demandons à la coordinatrice de Sfax, Houda Kchaou de donner tout simplement les preuves de ses accusations graves, infondées et mensongères car il  n’y a jamais d’accusation sans preuves !

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