Quand le mariage menace l’Enfance…

Si l’on devait citer un évènement que toute fille, quelle que soit sa nationalité ou son origine, attend avec impatience c’est bien le jour de son mariage. Une date importante dans la vie de toute une famille, l’union de deux êtres aimés, qui scellent leur destin à celui d’un autre pour la vie, ou du moins en théorie. Ceci n’explique en rien le phénomène auquel on se heurte de plus en plus souvent sur la toile, et qui ne cesse de choquer la société tunisienne : Le mariage des mineurs.

Certes, il s’agit dans la plupart des cas d’un mariage non officiel, des fiançailles ou du moins une sorte de promesse entre deux familles conservatrices qui considèrent le mariage comme le but ultime, la destinée de toute jeune fille, au lieu de lui inculquer les vraies priorités telles que l’éducation, l’affirmation de soi, l’indépendance… Il est donc plus de légitime de se demander pourquoi tant de précipitation ? Pourquoi organiser une cérémonie de fiançailles et une promesse de mariage entre deux enfants pré-pubères dont la seule préoccupation tolérée à leur âge serait de choisir le jeu auquel ils s’adonneraient dans la cour de récréation ? La loi ne devrait pas être revue dans ce sens et interdire ce type de célébrations dépourvues de tout bon sens et qui ne fait qu’endoctriner les jeunes et conforter cette idée reçue déjà bien ancrée dans les milieux ruraux : une femme n’est rien sans un homme, elle doit apprendre à cuisiner et à gérer un foyer, elle doit être fertile et éventuellement travailler afin de le contenter et d’être une bonne épouse ! Quelle fierté tirent les parents de ce genre d’évènements ? Est-ce que la mère est satisfaite de voir son passé se reproduire et sa fille vouée au même destin monotone et sans étincelles de bonheur ? Le père, qui lui-même s’est retrouvé fiancé avant même d’avoir eu son premier job, marié et père de famille pendant que d’autres vivaient leurs plus belles années de liberté ?

En totale contradiction avec les droits de l’Homme et les valeurs de la protection de l’Enfance, cette promesse de mariage précoce est considérée à juste titre par l’UNICEF comme étant une violence et un abus des droits des mineurs et qui affecte significativement l’évolution de l’enfant. Un fléau devenu norme sociale dans certaines contrées du pays à l’instar des pays les plus sous développés et auquel l’état doit remédier dans les plus brefs délais afin de limiter la prolifération de ce type d’agissements.

Sabrine Yahya

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