Moncef Dhouib annonce la faillite de Cinévogue : « Nous sommes tous des acrobates sans filet »

 

En Tunisie, les centres culturels, le cinéma et la chose culturelle en général traversent toujours de profondes crises. Après la fermeture progressive de nombreuses salles de cinéma, le constat est encore plus alarmant. Les propriétaires exploitent les salles à perte, les dettes sont là.  Cinévogue qui a été ressuscité de ses cendres est de nouveau à bout de souffle, indique le cinéaste Moncef Dhouib. Un match de football retransmis sur écran géant rapporte sans aucun doute beaucoup plus qu’une expo, un débat ou un film.
Pendant ce temps, les vendeurs de DVD prospèrent en proposant des DVD piratés vendus à 1 dinar
souvent regardés en privé ou en famille, cela revient beaucoup moins cher que d’aller au cinéma. Signe supplémentaire de la profonde crise que traverse ce secteur en privatisant certaines salles
dont le meilleur exemple est bien Cinévogue au Kram qui ferme ses portes affirme pourtant le sauveur de cet espace qui y a cru. « Je sais que pour beaucoup d’entre vous ce n’est pas une bonne nouvelle, mais vient un moment où l’on doit cesser de faire semblant et de regarder la réalité en face. Cinevog ferme parce que tout simplement ça ne marche pas.  Après deux ans d’exercice cet espace culturel n’arrive pas à couvrir ses dépenses et cumule les dettes.  Je ne rejette la responsabilité sur personne. J’assume pleinement. Personne ne m’a demandé d’ouvrir un centre culturel et personne ne m’a forcé à le faire moi seul avais vu le mirage et l’avais fait miroiter. J’ai la certitude que nous avons bien fait de miser sur la culture de proximité ; je savais qu’il nous fallait travailler dur pour perdurer avec comme seule devise : résister. Nous avons connu la générosité des uns et l’insensibilité des autres. Nous avons partagé le succès des uns et l’échec des autres. Nous aurions voulu continuer cette aventure, mais les chiffres sont implacables.

Si je parle maintenant c’est par honnêteté vis-à-vis des jeunes enthousiastes qui parlent de se lancer dans des projets similaires dans les régions et qui prennent Cinevog comme exemple de réussite. Je leur dis que la réalité est bien différente et qu’il ne faut pas confondre la présence médiatique et publicitaire avec la gestion d’un projet culturel au quotidien.  Je comprends que certains réussissent là où nous avons échoué, mais je sais que nous sommes tous des acrobates sans filet.  Est-ce que Cinévog ferme définitivement ou temporairement ? L’avenir nous le dira. Nous allons prendre le temps de réfléchir, analyser et tirer un bilan sur la base de quoi nous allons décider si nous devons avancer, restructurer autrement ou abandonner. Je rassure que nous allons honorer nos engagements envers nos créanciers et nos salariés. « .. ». Nous en saurons plus lors de la conférence sur le sujet prévue le 15 février prochain. A suivre

N.A

 

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