Infertilité : Une histoire de couple

Plus on se marie tard, plus on a envie d’avoir un bébé rapidement.  Alors, doit-on laisser du temps au temps, ou se précipiter chez le médecin pour trouver une solution ?

On considère qu’un couple en bonne santé a 25 % de chances de concevoir à chaque cycle. La moyenne est de six mois pour concevoir, et on estime qu’un délai de deux ans doit s’écouler avant de conclure à une baisse de la fertilité. Avec le recul de l’âge du mariage, le désir d’enfant survient plus tard  et ce recul de l’âge de la première grossesse va de pair avec une certaine impatience. On estime que 30 % des infertilités sont féminines, 20% sont masculines, 40 % sont liées à des problèmes chez les deux membres du couple et 10 % sont de cause inconnue.

On parle d’infertilité lorsqu’un couple ne parvient pas à obtenir une grossesse après plus d’un an de tentatives avec des rapports sexuels réguliers. Chez les femmes de plus de 35 ans ou en cas d’antécédents de troubles gynécologiques, il est conseillé de consulter dès six mois de tentatives.

Quelque soit votre décision, voici les bonnes questions que vous devez vous poser  (ou poser) avant de parler d’infertilité et de stérilité.

La fréquence des rapports sexuels et leur qualité doivent être précisées. Certains couples observent en effet une « contraception involontaire », parce qu’ils ne connaissent pas le cycle ovarien et ne « profitent pas des moments propices ».

Les modalités d’hygiène de vie doivent être recueillies, car elles sont très importantes dans les causes de retard de l’âge de la première grossesse.

A cet égard, le rôle du tabac est primordial. Le tabac réduit en effet de 5 % les chances de concevoir à chaque cycle, aussi bien chez l’homme que chez la femme.

L’existence de pathologies, présentes ou passées, susceptibles d’altérer la fertilité : infection chronique, chirurgicale,  chez l’homme ou chez la femme est  à prendre en considération dans le bilan d’une éventuelle stérilité.  Les problèmes de fertilité dans la famille sont à prendre en compte s’ils sont en rapport avec un trouble d’origine génétique.

Certains métiers sont défavorables vis-à-vis de la spermatogenèse (fabrication des spermatozoïdes) comme  l’exposition à la chaleur, à des toxiques ou à des rayons ionisants.

Les examens à faire lors d’une première consultation

Il faut savoir que la stérilité est une affaire de couple, d’où le fait que les examens cliniques doivent concerner les deux partenaires.

On va observer :

1- L’aspect de la glaire cervicale entre les 13ème et 14ème jours du cycle : on mesure la longueur de l’étirement après avoir recueilli la glaire sur une pince. Elle est d’environ  8 cm. S’il n’y a pas de glaire ou si elle est insuffisante on en déduira que la cause de la stérilité se trouve au niveau du col de l’utérus qui fabrique cette glaire.

2-La courbe de température, enregistrée sur deux cycles, renseigne sur la présence d’une ovulation. Une courbe normale est bi-phasique : la température est presque constante pendant 12 à 14 jours, ensuite, elle chute pour remonter avec un pic, quand il y a eu une ovulation. Cet examen doit être réalisé systématiquement, et pas seulement chez toutes  les femmes. Chez les femmes, l’infertilité peut être liée à des troubles de l’ovulation (20-30 % des cas),

3- Le test post-coïtal : permet d’évaluer dans un même temps la qualité de la glaire et celle des spermatozoïdes. On demande au couple d’avoir un rapport sexuel la veille ou le matin du 13ème jour (entre le 12ème et le 14ème jour).Un score est établi en fonction de l’aspect de la glaire et de l’ouverture du col. Le nombre et la mobilité des spermatozoïdes par champ sont relevés.

4-L’hystérosalpingographie permet de vérifier la perméabilité des trompes et la forme de l’utérus. Il s’agit d’un examen  de première intention. Les techniques d’imagerie (échographie pelvienne, hystéroscopie ou cœlioscopie…) permettent de visualiser des anomalies éventuelles au niveau de l’utérus, des trompes et des ovaires.

5-La sérologie des Chlamydiae, qui consiste à prouver s’il y a eu infection par cette bactérie responsable d’infections sexuellement transmissibles de stérilité,  est à demander en fonction des antécédents de la patiente ou bien si l’infertilité dure depuis plus de douze mois.

 

Si ce premier bilan est normal et si le problème d’infertilité persiste, il faut orienter le couple vers une consultation de médecine de la reproduction, où les examens spécialisés en particulier hormonaux seront prescrits, ou vers une procréation médicalement assistée.

 

Traiter sans attendre

Fécondation in vitro, insémination intra-utérine,  induction de l’ovulation,  tous les  moyens de traiter l’infertilité sont disponibles en Tunisie. Ces techniques ont beau être très pointues, elles  ne reculent pas l’âge « idéal » pour concevoir, qui reste : avant 30 ans. Les femmes repoussent trop l’âge du premier enfant. Cela pose des problèmes de fertilité, même avec les techniques de procréation médicalement assistées (PMA), dont les chances de succès sont bien meilleures avant l’âge de 35-37 ans.

Comme nous venons de le signaler, les traitements de l’infertilité ont accompli des progrès considérables. Les « hormones de la reproduction » ou gonadotrophines (FSH, LH, hCG), initialement extraites d’urines de femmes, sont aujourd’hui produites par technologie recombinante, ce qui garantit la pureté, la qualité et la constance du dosage. Grâce à ces nouvelles gonadotrophines et aux progrès de la pharmacogénétique, il est possible d’adapter la dose nécessaire à la stimulation à chaque patiente et obtenir ainsi de meilleurs résultats.

Selon certaines statistiques, la  FIV (fécondation in vitro) aboutit dans trois quarts des cas à une naissance. Environ 72 % des grossesses obtenues sont des grossesses uniques. L’ICSI (injection intracytoplasmique de spermatozoïde), qui  permet de réaliser une  fécondation  même avec un seul spermatozoïde, qu’on  introduit directement dans l’ovule est très intéressante, pour les cas d’infertilité masculine sévère, où les spermatozoïdes sont soit très peu nombreux ou de mauvaise qualité.

La renommée des médecins tunisiens en matière de PMA (procréation médicalement assistée) n’est plus à faire.  Des patientes viennent  du monde entier se faire traiter par nos gynécologues.  Elles  sont intéressées à plus d’un titre : la compétence des médecins et le coût de l’intervention.

Samira Rekik

(Références : « Le Généraliste »)

 

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