L’ Arabie saoudite perd de plus en plus  ses femmes

 

Même si certains Saoudiens essaient de dénoncer le système de tutelle,  ils en sont sévèrement réprimés.  Cette année, un homme a été condamné à un an de prison après avoir émis des critiques sur les réseaux sociaux.

Attirées par la liberté des pays étrangers, les Saoudiennes fuient de plus en plus en laissant derrière elles la tutelle de leurs compatriotes   affirme « The Economist ».

Difficile d’estimer combien de femmes se sont enfuies du pays. Pour Mansour al-Askar, sociologue à l’université de Riyad, ce nombre est en expansion. Selon ses estimations, plus d’un millier de femmes fuient chaque année. Et plus encore s’installent à Djeddah, la ville la plus libérale du pays.

Ces femmes ont plus d’une corde à leurs arcs et sont armées de différentes méthodes pour s’enfuir : sauter dans un bateau lors d’un voyage en famille à l’étranger, partir faire des études dans un autre pays grâce à des bourses gouvernementales et reporter indéfiniment son retour,  des ces mariages arrangés avec des hommes qui acceptent de les emmener ailleurs, pour 4 000 dollars.

L’une des raisons de leur départ est une tradition tenace, celle de tutelle légale  imposée aux femmes par loi. Cette règle implique l’accord du tuteur, toujours un homme, pour tous les actes du quotidien : voyager, recevoir une carte d’identité, se faire soigner… Quand un tuteur meurt, l’autorité est transmise à un autre homme : le frère ou l’oncle, quel que soit leur âge.

 L’enjeu est aussi financier. La liberté des femmes, c’est un gros coup à jouer pour l’Arabie saoudite : plus de la moitié des étudiants sont des étudiantes. « L’Arabie saoudite est en train de perdre ses talents », explique Najah al-Osaimi, une universitaire saoudienne installée en Angleterre. Quand elles s’en vont, l’argent investi par l’état dans leurs études est de l’argent perdu pour le pays. Environ 5 milliards d’euros.

Les dirigeants savent qu’il faut aller vers plus de liberté pour les femmes, estime The Economist. Des initiatives existent déjà pour desserrer l’étau dans lequel elles vivent : des permis de circuler de cinq ans, que les tuteurs les plus libéraux peuvent souscrire pour leur femme, des métiers où les femmes peuvent postuler sans l’accord de leur mari comme vendeuse dans un magasin de vêtements…

En attendant les réformes,  « des femmes s’affichent sur les réseaux sociaux une bouteille de whisky à la main ou enfourchant une moto. Une manière de desserrer un peu le carcan de leur tutelle ».

 

 

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