« Je refuse toute récupération politique du combat des femmes »

Depuis ce matin  et durant deux jours, la commission  parlementaire des droits et des libertés est en train d’examiner le projet de loi relatif à la violence faite aux femmes. Des journées marathons qui ne laissent pas indifférente l’une des députées.  D’après Hager Ben Cheikh Ahmed,  connue entre autres pour son combat pour les droits des femmes,  affirme dans un post que «  cette loi est tout aussi importante – du point de vue des changements qu’elle introduira dans la législation et dans la société, et du point de vue des débats suscités – que le code du statut personnel CSP , parce qu’elle constitue un tournant important dans l’histoire de la législation tunisienne, puisque l’article qui permet le mariage du violeur avec sa victime a été retiré. De plus cette loi incrimine toutes formes de violences à l’égard des femmes, dont la violence morale, la violence politique et la violence économique ( privation d’héritage, accès à la propriété …).

Et pour cela je refuse toute récupération politique du combat des femmes, par qui que ce soit, car il s’agit du combat de toute une société à travers plusieurs générations, et qui changera les traits de la société tunisienne à l’avenir, et qui n’aurait pu voir le jour s’il n’y avait pas de volonté politique depuis deux ans, pour aboutir à l’adoption de ce projet, donc pas de surenchère. Le peuple nous a élus, nous autres démocrates, pour défendre le projet sociétal tunisien, et nous n’accepterons aucun marchandage ni concession sur aucun article progressiste, qui réhabilite la femme et lui accorderait une meilleure place dans la société.  Mais la condition de la femme demeure essentiellement législative et sociale, parce que la constitution garantit à la femme l’égalité DEVANT la loi mais ne lui garantit pas l’égalité DANS la loi, puisque la femme demeure – dans un état civil – pas libre de choisir son époux s’il est de religion différente, et reçoit encore la moitié de la part d’héritage dévolue à son frère, en application des règles de la charia consacrées dans le CSP. Elle n’est pas non plus chef de famille.

Quant à l’égalité des chances à assumer des responsabilités et dans tous les domaines, prévus par l’article 46 par 2 de la constitution, elle demeure un principe inappliqué en réalité.
C’est pour cela que le jour ou on abolira tous les obstacles juridiques et sociaux , le jour où on garantira à la femme tous ses droits sociaux, professionnels, personnels et sexuels, nous aurons réalisé une véritable égalité telle que prescrite par la constitution, c’est à dire une égalité des droits et obligations, devant la loi comme dans la loi. Le combat n’est pas terminé, il ne fait que commencer! »

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