La jeunesse tunisienne, enjeu d’une lutte entre « String et foulard »

La jeunesse n’existe pas sous forme d’un tout indifférencié. Deux principaux clivages la traversent. D’une part, l’opulence et l’indigence, d’autre part, la doxa démocratique et l’ethos théocratique. Les tenants de ces deux visions du monde social agissent pour inculquer leurs idéologies au plus grand nombre possible de jeunes.
La démultiplication des écoles coraniques œuvre pour la diffusion de l’orientation œcuménique (universelle). Produit de la socialisation bipolaire, la jeunesse n’est cependant pas une feuille blanche ou une table rase. Avec l’âge, elle peut remettre en question sa formation où elle découvre une déformation.
De cette ample confrontation déclarée entre le profane et le sacré, au plan de l’hégémonie culturelle, naitra ce que la Tunisie sera.
Le présent couve les œufs du futur, le devenir dépend de la partie qui détiendra le pouvoir de le définir. Pour construire un sanctuaire, il faut qu’un sanctuaire soit détruit, écrivait Nietzche dans son ouvrage Généalogie de la morale.
Le cœur de certains militants balance entre les deux grandes orientations. Slaheddine Jourchi, homme de culture et d’écriture avance d’un pas vers Bochra la démocrate, puis recule sous la pression d’Hercule, symbolisé par le parti de Ghannouchi, le théocrate.
Marivaux écrivait : « Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée » S. Jourchi laisse la fenêtre entr’ouverte au cas où il quitterait le bateau qui prend l’eau. Mais avec un pied au ciel et l’autre sur terre, le grand écart donne à voir une drôle de manière. La bipolarité scinde à la fois, l’individu et la société.

Khalil Zamiti

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