Coronavirus : Une guerre des riches pour anéantir les riches.

Par Pr. Alfonso CAMPISI
Université de la Manouba

Depuis le début de cette épidémie nous nous sommes plongés dans la lecture de plusieurs articles de journaux, blogs, messages facebook, presse spécialisée…pour essayer de comprendre un peu mieux tout ce qui se passe dans le monde ainsi que les jeux politiques et de pouvoir qui se succèdent jour le jour sous nos yeux.
Schopenhauer disait : «  celui qui est plus intelligent souffre plus », donc le rapport entre l’intelligence et la souffrance serait aux dires de Schopenhauer, directement proportionnel. Possible !

C’est vrai qu’une analyse attentive des zones de propagation du virus Covid-19, nous porte à nous poser certaines questions légitimes comme les modalités de diffusion du virus, là où l’économie d’un pays est florissante et sert de moteur à toute une zone géographique comme celle européenne par exemple.
Nous avons vu la situation catastrophique de l’Italie du nord, de certaines régions de France, d’Allemagne, d’Espagne, du Royaume-Unis et plus récemment de tous les États-Unis d’Amérique.
Moins touchés par contre et heureusement pour nos voisins, d’autres pays du bassin méditerranéen comme le Portugal, l’Italie du Sud, la Sicile ou encore la Grèce.

Ce qui étonne un peu tout le monde et qui va contre toutes les prévisions catastrophiques des organismes internationaux et tout d’abord de l’Organisation Mondiale de la Santé, est le facteur de non contamination ou contamination partielle d’un des plus populeux continents du monde : l’Afrique.
Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, prévoyait sur ce même continent et dès le début de l’épidémie «  des millions de morts ».

La première semaine d’avril, les cas testés positifs en Afrique étaient de 9000 environs pour une population de plus de 1,3 milliard d’habitants, rien à voir avec la propagation tardive aux USA, où du 6 mars au 5 avril ils ont passé de 236 cas à 336.673 pour une population quatre fois inférieure à celle de l’Afrique.

Il faudrait déjà arrêter de parler et de considérer l’Afrique comme une seule entité, alors que le continent compte 55 pays, l’un différent de l’autre. Heureusement, cette fois-ci, les « experts » nous ont épargné les tristes nouvelles concernant le « monde arabe », une autre entité multiple composée par un nombre aussi vaste de pays qui ont en commun parfois la religion, et encore…

Pour revenir à ce qui nous concerne de près, l’Afrique, à ce jour, n’a pas été touchée de plein fouet. Certains, avancent la possibilité du climat chaud, d’autres le facteur « âge », sachant que le continent africain est un continent jeune par rapport à l’Europe, la prise de la chloroquine des pays d’Afrique subsaharienne ou encore des anticorps plus développés par rapports à leurs voisins européens. Je ne suis pas un virologue pour pouvoir donner la réponse.

Mais il pourrait y avoir aussi une autre clé de lecture souvent « oubliée », c’est à dire la clé économique.
Malgré les richesses des pays africains, ceux-ci restent très dépendants de l’Occident et de l’Asie. L’Afrique est donc demandeur et pas offreur de produits finis. L’Afrique achète, l’Occident vend !
Le cœur producteur et économique se situe de l’autre côté de la Méditerranée et ça suffit de jeter un coup d’œil à la balance commerciale de chaque pays africain pour se rendre à l’évidence.

Serions-nous alors face à une guerre économique orchestrée par certaines puissances mondiales vis à vis d’autres et où l’Afrique serait cette fois-ci hors jeu ?
Une sorte de guerre entre riches où les pauvres seraient pour une fois exclus ?
Rappelons-nous que le virus en Afrique est arrivé depuis l’Europe, une sorte « d’importation » qui le différencie d’autres virus comme l’Ebola par exemple, dont l’origine de l’épidémie a été le cœur de l’Afrique. Ces pays connaissent très bien comment faire face à ce genre de problèmes. Bizarrement, l’Ebola, n’est jamais arrivé en Europe, malgré les nombreux échanges humains et commerciaux entre les deux régions du globe…

Je suis tout à fait contre l’idée que certains pays d’Afrique puissent déclarer un nombre inférieur de décès ou de contaminés par rapport aux chiffres réels, il me semble à exclure puisque les pays les plus touchés auraient droit à des aides financières de la part d’organismes internationaux pour faire face aux dégâts économiques occasionnés par la pandémie.
Je trouve que la Tunisie, son gouvernement et son département de la Santé plus particulièrement, ont su faire face à cette pandémie, prenant des mesures de prévention assez importantes et de grande envergure, parfois bien avant que certains pays européens…

Et on en est où dans tout ça pour nos libertés ? En deux mois, les peuples des plus grandes démocraties occidentales ont vu leurs libertés diminuer à vue d’œil. La liberté d’assemblement tout d’abord, suivie par les libertés de parole, d’expression, de presse…et dans les régimes déjà totalitaires, le durcissement des relations entre le pouvoir et les citoyens…

Certaines images qui nous ont parvenues d’Inde, n’étaient pas trop édifiantes…
Ça pourrait être donc grâce au Covid-19 qu’une série de solutions tant attendues pourraient enfin avoir lieu dans beaucoup de pays du monde.

A.C