Plage de Chaffar : Lettre ouverte au ministre de l’environnement                   

Riadh Bouaziz 

Chaffar était une  fabuleuse plage de sable fin   et doré. Située à trois kilomètres au nord de Mahrès la merveilleuse ville artistique au bord de la mer   et à 26 kilomètres au sud de Sfax.  La zone est rattachée administrativement à la  délégation de Mahrès et au gouvernorat de Sfax. Longtemps isolée et sauvage la jolie plage de Chaffar cachée derrière les dunes d’or était fréquentée par les rares riverains. Au cours des ans, elle a été sauvagement agressée et polluée par les industries chimiques de la ville de Sfax.

Suite à de longues batailles de la part des nostalgiques de la beauté du site, des travaux d’assainissement ont été timidement entamés sans plus. Des aménagements touristiques ont été même presque entamés afin de continuer d’accueillir un important tourisme local.

Des associations sont actives afin de consolider l’infrastructure du village et son animation. Mais tout cela reste tellement insuffisant et la plage en souffre toujours devant étrange indifférence.

Aida Kchaou Khrouf, artiste peintre très active dans la société civile, est l’une des premiers arrivants dans la cité urbaine de la plage de Chaffar. Elle a vécu l’âge d’or de ce site et sa dégradation. Elle assiste aujourd’hui à son mini-sauvetage. Elle lançe un  cri d’alarme et cautionne le combat de Riadh Bouaziz en vu de perpétuer les efforts qui restent à faire pour sauver cette plage. Elle avait rencontré Riadh Bouaziz chercheur spécialiste en géomorphologie qui lui avait confié  le pourquoi de sa détresse qu’ils adressent tous deux au Ministre de l’environnement.

Riadh Bouaziz est chercheur en géomorphologie et en aménagement des littoraux. Il est enseignant et actuellement chef de département de géographie. Ce chercheur farouche défenseur de l’écologie  a commencé ses travaux de recherche sur la plage de Chaffar depuis 1999.  Il a réalisé ensuite un minutieux suivi pour étudier l’évolution.

En 2007,  il avait déclaré lors de l’assemblée générale de l’Association de sauvegarde du village estival de Chaffar,  sur la disparition probable de la seule plage existante à Sfax. Les facteurs sont en partie en rapport avec la nature mais les erreurs humaines pèsent très lourd dans l’accélération du rythme de l’érosion.

Plusieurs chercheurs ont travaillé sur la question de la dégradation de la plage de Chaffar depuis les années 90 tels Messieurs Bouaziz. et Oueslati.
Dans leurs travaux, tous les éléments de réponses sont claires et argumentés par des illustrations photographiques, cartographiques ….

Il faut  que tout le monde sache que la plage de Chaffar est un milieu très sensible et si vulnérable. Sa formation telle qu’elle se présente aujourd’hui (sur 8km et formée par deux flèches littorales), est très récente. Elle est alimentée en sable surtout grâce aux apports sédimentaires de Oued Chaffar depuis les inondations de 1969 qui confirme déjà la vulnérabilité de cette plage.

Depuis les années 1990 et 2000, les aménagements réalisés dans le bassin versant de Oued Chaffar (travaux de CES et surtout le barrage,) et en front de mer (destruction des dunes pour aménager des parkings, construire une murette…) ont perturbé l’écosystème littoral. Ces pratiques ont accéléré le rythme de l’érosion. Ces questions ont été évoquées en détail dans les travaux de recherche de Messieurs Bouaziz en 2001, 2002, 2003 et 2005 et Oueslati en 1993, 2004 et 2008.

 

Notons toutefois que la situation risque de s’aggraver encore plus dans le futur avec l’absence d’interventions sérieuses pour sauver la plage.  Le contexte de changement climatique accompagné de l’élévation du niveau marin, n’arrange pas en plus les choses.

La révision et la mise à jour du DPM, l’exigence d’une étude d’impacts environnementaux efficace et sérieux.  La création et la reconstitution des dunes par la méthode des ganivelles constituent également une urgence pour sauver cette plage. Les constructions en hauteurs, l’aménagement des parkings, … sont aussi déconseillés car leurs impacts est néfaste sur la stabilité de ce qui reste de la plage.

Du côté Etatique, plusieurs organismes sont alertés par la dégradation de cette côte dont Anis Oueslati,  le gouverneur, les membres du gouvernorat, Walid Refai directeur de l’Apal, le maire de Mahrés, le pharmacien Mohamed Cheniour et les membres de la municipalité.  Du côté associatif, l’Association de sauvegarde du village estival Chaffar présidée par Salem Ajmi, suivent également de très  près les problèmes mentionnés plus haut.

Je prie le ministre de l’environnement  d’accélérer des actions urgentes pour la protection de la seule plage, ( un coup d’œil sur Google earth démontrera l’urgence pour sauver cette plage) avec une relecture accélérée du DPM (en le rapprochant au maximum des maisons front de mer) et la mise en place des ganivelles. En ce qui concerne le plan d’aménagement, nous exigeons que la loi soit appliquée.   Espérant que les études d’impact se fassent par un bureau d’études sérieux, pour qu’enfin on puisse assister à un beau village balnéaire tourné aujourd’hui vers le  tourisme familial et pour des personnes trop longtemps privés retrouvent  une belle plage qui étaient la leur.

 

 

 

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