Ezzahra : Un évènement spécial célèbre la femme

 

Pour mettre en avant les artisanes qui luttent pour une autonomisation socio-économique, une expo-vente  a été réalisé dans le cadre de la campagne d’Oxfam, une reconnaissance des travaux de soins non rémunérés. Des artisanes de différentes régions tunisiennes, se sont réunies dans le petit jardin d’Ezzahra pour commercialiser leurs produits d’artisanats et de terroirs. Tout y était : articles décoratifs, bijoux, couffins, sets de table en osier, miel, « zrir », huiles pour cheveux, huiles essentielles, eaux de rose…

En plus de la qualité des produits présentés, s’ajoute la symbolique de leurs commercialisations. La professionnalisation de leurs métiers d’artisane leur permet de créer une source de revenu non seulement pour elles et  la famille, mais également un recrutement  de la main d’œuvre dans leurs propres régions…

Malika Bedoui à titre d’exemple, crée des couffins et des tapis traditionnels. Grâce à l’appui d’Oxfam et ses partenaires, elle est actuellement à la tête d’une micro entreprise qui emploie 7 femmes. Elle  se sent si fière de son parcours.

Ces artisanes doivent souvent travailler leurs produits en parallèle de toutes les tâches domestiques et de soins à leurs proches (enfants, personnes âgées ou malades dans leurs familles).

En effet, le travail des soins en Tunisie représente pour les femmes de régions rurales environ 9 heures par jours (une heure de plus que les femmes en milieu urbain, contre 45 minutes pour les hommes).

Consciente que la prise en charge des enfants limitent la possibilité des femmes d’accéder à des activités sur la place publique, l’événement d’Ezzahra avait inclut un grand espace couvert avec animations. Un graffiti pour sensibiliser sur les droits économiques et sociaux des femmes par « Blech Esm ».

Une autre surprise de taille a accompagné l’expo vente. Il s’agit de la présentation du graffiti de «  Blech Esm ». Un groupe d’artistes activistes qui, à travers leur art, en plus de donner vie aux murs, parviennent à sensibiliser le public.

Les graffitistes ont réalisé une fresque géante sur le mur d’un immeuble à Ezzahra tout près de la place où s’est déroulée l’expo-vente. Le graffiti géant met en exergue l’inégalité que subissent les femmes dans leurs quotidiens, où elles sont considérés comme avant tout responsables de la maison, de leurs proches et sollicités continuellement pour ces tâches au détriment de leurs santés mentales et physiques.

Selon une étude réalisée par l’organisation Oxfam en Tunisie, les femmes sont amenées à réaliser plus de 80% de la charge des travaux de soins non rémunérés dans les foyers.

Blech Esm, à travers ce graffiti, ont mis en avant cette injustice sociale et économique. Dans leur fresque à titre d’exemple, une femme qui essaie d’étudier ou de travailler et à qui on demande  « où est ma paire de chaussures ? ». Un autre graffiti illustre une femme qui croule sous la paperasse, entourée d’enfants lui disant  « donne-moi à manger », « aide moi à faire mes devoirs », « mets moi au lit »

Malheureusement, en 2022, le travail des soins continuent à restreindre les possibilités de s’épanouir et d’évoluer professionnellement. Il est par conséquent légitime de ce demander (5edma Bou blech, 3lech), « pourquoi le travail est sans contrepartie ? »

Ce genre d’initiatives lancées par Oxfam sont importantes. Effectivement,  c’est en participant à faire changer les mentalités, les pratiques et les politiques en faveur d’une justice de genre, que les choses pourraient changer !

 

 

                                              

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