Mais qui est cette femme en bronze, argent et or ?  

 

Leila Dachraoui Benlaib est avocate et assistante en droit à l’IHEC de Carthage. Elle est  aussi  une grande passionnée de sport dans sa tête et dans son corps. Elle respire sport, elle persiste et signe qu’elle ne s’arrêtera jamais de pratiquer cette discipline et l’âge n’aura aucune emprise sur elle.

 Leila Dachraoui est en effet une femme d’exception qui s’était encore éclatée à la course au French Masters où elle était comme un poisson dans l’eau de la  piscine d’Angers et s’était à nouveau immergée dans l’ambiance de la compétition. Nous avons rencontré cette dame médaillée.

 Vous vous adaptez à tout et à tout moment, physiquement et intellectuellement. Vous impressionnez et on vous admire. Comment faites-vous ?

L’Homme au sens générique du terme est « l’être le plus fortuné et par conséquent digne de toute admiration », ainsi disait Pic de La Mirandole dans son ouvrage « De la dignité de l’Homme ».
En tant que père de la Renaissance occidentale, il avait formulé le principe de la réadaptation de l’Homme dans les règles de son parcours grégaire dans la société. Le fondement de ce principe est la nécessité d’exploiter ses capacités physiques et intellectuelles.

Et surtout beaucoup de physique …

 Les capacités physiques sont le facteur déterminant de l’essor de ses dons intellectuels. C’est ainsi que dans la civilisation à laquelle nous appartenons, et bien avant la Renaissance occidentale, il est recommandé d’apprendre qu’un esprit sain est dans un corps sain et ce,  en pratiquant des activités sportives : la cavalerie, le tir à l’arc et la natation.

Parlez-nous un peu de votre parcours si atypique…

Sans faire Florès et avec toutes mes excuses, car le moi est haïssable, j’aimerais surtout présenter mon parcours sportif grâce auquel j’ai pu progresser dans ma formation éducative et intellectuelle. J’ai eu la chance d’appartenir à un foyer familial qui m’a inculquée des principes et des valeurs auxquelles j’adhère. J’ai été dès mon jeune âge, imprégnée de la règle selon laquelle l’Homme est corps et esprit qui sont indéfectibles l’un pour l’autre.

Vous avez eu aussi des éducateurs sportifs…

J’ai eu la chance  effectivement d’être encadrée dès ce départ par des éducateurs sportifs dont je suis débitrice. Faut- il rappeler que Si Ali Bouachir, Si Said Ouenzerfi, Si Moncef Cherif, Si Taoufik Ayari et la liste est longue, ont été la source des réussites régionales, continentales et mondiales, de nos nageuses et nageurs? Faut- il le rappeler que Faten Ghattas, Senda Gharbi ont été le fruit de labeur de ces honorables ténors? Et Oussama Mellouli qu’ils ont découvert au petit bassin pour l’orienter vers un parcours sportif et éducatif inégalable grâce à ses capacités inépuisables?

Quant à mon humble personne, j’ai été sélectionnée à l’Equipe nationale à l’âge de 12 ans.  J’ai été la plus jeune médaillée d’or des Jeux Africains de Nairobi en 1987 au relais 4x 100 4 nages.
De même, aux Jeux maghrébins à seulement 12 ans, j’ai eu deux médailles d’argent sur 100 et 200 dos. Plus tard, j’ai participé à plusieurs autres compétitions internationales, aux Jeux maghrébins et Pan arabes où j’avais récolté plusieurs médailles.

Un record également en Egypte ?

C’était en  1989 au Caire. J’ai été médaillée de bronze sur 100 et 200 m dos avec la médaille d’or sur 4×100 4 nages où avec mes coéquipières de l’époque, dont Faten Ghattas et Senda Gharbi, avions battu effectivement les records arabe et africain.

On dit que vous êtes clubiste ?

Ma formation technique dans mon activité sportive a été faite dans cette noble association sportive qu’est le Club Africain. Je lui en suis redevable.

Votre vision introspective n’a-t-elle pas été un peu mal interprétée ?

Il est évident que cette vision introspective est sujet à examen par les opinions objectives et compétentes car « on ne peut pas être à la fois à la fenêtre et se voir passer dans la rue ! ».

Il me doit aussi de solliciter de notre jeunesse d’inscrire l’activité sportive et compétitive. Notre chère Tunisie, petite par son espace mais grande par son Histoire millénaire nous interpelle pour être dignes d’elle.
L’autorité de tutelle avec toutes ses composantes doit elle aussi continuer à inculquer à notre jeunesse la culture de la pérennité de la pratique du sport pour chaque  citoyenne et citoyen.

Vous avez tellement d’autres activités professionnelles. Comptez-vous un jour arrêter le sport ?

 Rien ne justifie l’arrêt de l’activité sportive et même compétitive par l’avancement de l’âge. Les compétitions masters dans tous les sports doivent être introduites  dans notre culture sportive!

Il n’y a pas très longtemps, vous avez raflé encore des médailles. Pourrions-nous en savoir plus ?

C’était aux championnats de France de natation maîtres.  J’ai eu cinq médailles dont trois en or et ce,  pour la 5e année consécutive. J’ai été en 2018 double médaillée de bronze aux championnats d’Europe masters et réalisé aussi un podium mondial aux championnats du monde masters en 2017.

Mais quel est alors votre classement mondial ?

J’ai été dans le top 10 européen durant plusieurs saisons et au top 3 du ranking français dans les épreuves du 50 et 100 dos. Je m’entraîne dur pour être toujours préparée, mais ma mission ultime est d’inspirer le plus grand nombre de femmes et de jeunes à la pratique du sport. Là est mon réel bonheur!

 

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