Je me souviens comme si c’était hier…

Je me souviens… oui je me souviens d’un jeune homme blond aux yeux bleus et  aux cheveux longs. On vivait ensemble au lycée d’El Omrane…un logement de service particulier dont les fenêtres du premier et du second étage qu’on occupait, donnaient sur le zoo du Belvédère. On n’avait comme voisins que l’éléphante, le rhinocéros et au loin les salutations du lion sous l’aspect de rugissements qui montaient chaque soir jusqu’à notre chambre… Je me souviens d’un jeune homme plein de vie qui aimait la musique qui savait jouer à la guitare. Il s’entrainait d’arrache pieds à reproduire le solo de Carlos Santana « soûl sacrifice » ou un autre plus compliqué de Jimmy Hendrix qui etait l’idole absolue et dont le prénom sera adopté. Oui je me souviens… je me souviens que ce jeune homme avait le rire facile une joie et un humour décapant. Galéjades et taquineries faisaient légion. Toutes les filles du lycée étaient folles de lui et même celles du quartier… très belles à l’époque…mais entre-temps chronos les a bien travaillées au burin…

Je me souviens que ce jeune homme avait le comportement d’une personne qui s’était libérée d’un fardeau.

Oui… le papa de son vivant lui avait brisé plus d’un membre, autant de stigmates et de trauma indélébiles.  Ce jeune homme a pris son courage à deux mains et dépassa provisoirement son drame.

Je me souviens d’un fêtard patenté, et le plus drôle c’est qu’au cours des années 70 il y’a eu des rafles de la police pour raser les cheveux longs des ado et jeunes hommes… Je me souviens l’avoir vu rentrer triomphant car les agents l’avaient arrêté mais pour une raison que j’ignore.  ils ne sont pas parvenus à lui couper les cheveux.

Je me souviens quand il rentrait avec une pile de disques 33tours achetés dans une boutique au Colisée du centre ville de Tunis… C’étaient les Beatles les Creadence les Who Jimmy Hendrix bien sûr  les Deep purple les Persis Ladge , Carlos Santana King Crimson les Led Zepline…

Il trépignait comme un enfant comblé et il écoutait sa musique pendant des heures.  Il gardait précieusement ses disque et entretenait délicatement son tourne disque pour partager sa musique dans notre chambre commune du second étage.  Nous partagions ces moments délicieux avec des potes du quartier ou ceux des lycées Carnot ou Mendes France.  Et puis un jour tout s’est arrêté !

Je me souviens de ce jeune homme la veille de son départ. Il était à la fois joyeux et angoissé. C’était la première et dernière fois que j’ai vu les larmes de ce jeune homme qui pourtant soignait de façon frénétique et même obsessionnelle son image. Cette nuit là, il l’avait passée à pleurer pour des raisons que je ne connaîtrais jamais. Au petit matin, il est parti laissant un grand vide dans ma vie d’enfant.

Je me souviens de ce jeune homme… Il s’appelait Slim Jimmy Daoulette. ..Je garderais pour toujours dans ma tête cette joie de vivre incarnée dans le cœur d’ un jeune homme qui ne cherchait qu’à dépasser ses douleurs… ses stigmates. Repose en paix mon frère …

Mondher Daoulette

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