Fatma Damak, présidente du Cife Sfax « Oser réussir au féminin »

L’entrepreneuriat n’est pas seulement une affaire d’hommes, les femmes entrepreneures réussissent toutes autant, telles les femmes du Conseil international des femmes Entrepreneurs en Tunisie. Des cellules Cife se sont formées depuis plus de cinq ans déjà dans les différentes régions du pays. « Souvent un visage d’homme apparaît lorsqu’on parle d’entrepreneuriat, c’est comme si les femmes entrepreneures ne sont pas encore le reflet de ce monde professionnel. Il faut oser réussir au féminin», confie Fatma Damak, présidente du Cife Sfax.

Pourtant, qui aurait pu s’attendre à ce que cette jolie et timide jeune femme puisse être un jour à la tête du Conseil international des femmes entrepreneures « Cife » Sfax ? Toute jeune, cette fille des oliveraies et des amandiers de sa ville natale, décrocha son diplôme haut la main en langues vivantes. De la jeune étudiante à la jeune enseignante dans l’établissement où elle avait évoluée avec sa passion des langues dans l’Institut Bourguiba des langues vivantes. Elle décrocha également un autre diplôme en management. Ses compétences furent bel et bien remarquées et fut contactée par la Chambre du commerce du Sud et intégra cette prestigieuse institution. En parallèle, elle continua l’enseignement durant quelques années. Cette belle aventure fut mise en parenthèse. Fatma Damak se maria et se retrouva à la maison pour un autre beau métier : Celui de s’occuper de ses enfants. Cette femme active ne pouvait supporter des heures de libres à la maison. C’est alors que surgit son côté artistique qui sommeillait en elle.
Elle observait souvent admirative la verdure et les fleurs multicolores de son jardin qui caressaient la jolie cave de la maison. C’est alors qu’une idée surgit. Pourquoi ne pas composer des bouquets, mélanger les couleurs, les parfums, les rubans… Le premier bouquet a été réalisé, une véritable merveille et puis un deuxième et un troisième….La cave devint son atelier de travail et la composition florale y prospérait. Une société en est née.

Des voyages dans le monde entier s’en suivent pour en savoir plus dans le domaine. Ses fournisseurs remarquèrent sa passion et des formations lui furent réservées par ses propres fournisseurs étrangers. Le produit s’est tellement bien développé par le savoir faire de cette femme multi casquette qu’un premier magasin fut ouvert puis un deuxième où se greffa le prêt à porter en tant que conseillère… Une fusion des deux magasins donna naissance à une et unique société qui marcha comme sur des roulettes. C’est dire que Fatma Damak avait acquis de ces différentes aventures professionnelles une exceptionnelle connaissance des rouages économiques tout azimut.

Mais la grave crise ressentie dans tout le pays après la révolution mit en veilleuse ces activités. Fatma Damak fut triste pour son pays car elle n’était pas seule dans cette crise économique. Mais c’est une battante qui ne baisse pas les bras pour trouver une solution et dynamiser le secteur économique. C’est à travers une association que cette dynamique allait se renouveler. D’où son intégration dans le Cife central qui avait adopté comme philosophie, la promotion de l’entrepreneuriat féminin comme levier de développement durable, le réseautage, la formation, l’organisation de manifestations économiques à l’échelle nationale et internationale.

« A l’époque, on m’avait chargée de coacher Cife Sfax. Cela fait déjà presque cinq ans que j’y suis en tant que présidente. ». En agitatrice économique, Fatma Damak avait commencé son travail par la recherche de la dynamique de la vie des femmes actives et entreprenantes dans la région. « Un terrain vierge qui a enfanté une richesse et une assistance à toutes ces femmes. Notre bureau avait recherché les ateliers les plus reculés de ces femmes artisanes qui cousaient, brodaient, créaient des bijoux, de la pâtisserie… Les femmes chefs d’entreprises également se sont associées au Cife. Nous avons établis par la suite une feuille de route pour diagnostiquer le terrain et comprendre les besoins.

Des formations au niveau régional, national et international ont été réalisées. Des missions d’affaires à l’étranger sont nées. Les rencontres et les échanges ont enrichies fortement l’unité Cife Sfax. Un potentiel solide a été désormais reconnu par toutes les institutions de la région. Le dernier événement 2019, a été une véritable réussite lors de notre participation à la journée des régions à la cité de la culture à Tunis et où Sfax était à l’honneur.

« Toutes ces femmes étaient à peine une vingtaine et au jour d’aujourd’hui, elles sont plus d’une centaine dont 11 entreprises exportatrices. Nous avons constitué une entité multisectorielle dans différentes activités » confie fièrement Fatma Damak. Lorsqu’on lui demande quels sont les perspectives de l’année prochaine, elle répond sans hésiter « On voit grand pour 2020 et toujours au profit de la femme de la région de Sfax. ». A la question de savoir comment envisage-t-elle l’avenir puisque le contrat arrive presque à son terme, Fatma Damak confie que « l’essentiel pour nous est de continuer à servir la région dans n’importe quelle responsabilité. »

Longtemps considéré comme un milieu exclusivement masculin, les femmes n’osaient pas s’y aventurer par crainte de ne pas être à la hauteur. Le Cife a en quelque sorte cassé ce préjugé et plus que jamais, s’ambitionne de regrouper les femmes qui travaillent dans les coulisses dans différents domaines et dans la création d’entreprise, au grand jour. C’est ce qu’avait entrepris Fatma Damak depuis sa nomination.
Les « cifoises » de tout le pays ont assurément « la gagne » et les bonnes idées. Cette envie de prospérité est visiblement contagieuse. De plus en plus de femmes militent pour avancer dans la prospérité économique. « Le Cife s’explique aussi par le goût du réseautage et être dans un cadre bienveillant avec des femmes qui vivent la même chose. On se rassure et on partage des ondes positives » affirme Fatma Damak.

Les femmes de la région sont aujourd’hui fières de leur courbe de croissance positive, mais aussi du chemin parcouru et de celui qui reste à entreprendre.

Nadia Ayadi

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