La représentante d’avant et après la révolution tunisienne nous dit Adieu

Elle vient de nous quitter doucement presqu’en s’excusant de ne pas avoir terminé sa mission qui avait été le moteur jeune de la révolution tunisienne. Lina Ben Mhenni vient de nous quitter. Elle avait à peine 36 ans.
Lina Ben Mhenni est issue d’une famille tunisienne moyenne, son papa, Sadok est employé au ministère du Transport. Il. est parmi les fondateurs de la section tunisienne d’Amnesty International. Il a été emprisonné, en tant que militant de gauche dans les années 70 et 80.

Alors que le blog de Lina avait atteint une renommée mondiale pendant la révolution tunisienne de 2011, elle est devenue comme « la voix de la révolution bien qu’elle indique parler uniquement en son nom. Elle est appelée la même année à rejoindre les participants du Oslo Freedom Forum . déçue par le manque de volonté de changement3.
À la suite de sa greffe de rein en 2007, elle prend part la même année ainsi qu’en 2009 aux Jeux mondiaux des transplantés, respectivement en Thaïlande et en Australie et rafle une médaille d’argent en marche athlétique.
Lina Ben Mhenni s’est investie dans Be Tounsi, un collectif pour la promotion de l’artisanat made in Tunisia8. Elle est également impliquée dans les campagnes Manich Msamah et Hasebhom.

Lina qui possède déjà un ordinateur durant son adolescence, avait déjà commencé l’écriture d’un blog en 2007, sous le pseudo de Nightclubbeus où elle abordait dans un premier temps des questions privées. Elle a été par la suite influencée par ses expériences durant ses études aux États-Unis, elle rejoint rapidement d’autres blogueurs tunisiens qui combattent pour la liberté d’expression et les droits de l’homme dans leur pays.. Son blog, A Tunisian Girl, est par la suite interdit et censuré par le régime de Zine el-Abidine Ben Ali.

Pendant la révolution tunisienne, en décembre 2010 et janvier 2011, elle se rend à Sidi Bouzid, le site de l’auto-immolation de Mohamed Bouazizi, puis à Kasserine et figure parmi les premiers à rapporter les événements qui se déroulent sur place. Elle diffuse photos et vidéos des opérations de police, des blessés et des morts, les listes des victimes, visite des hôpitaux et interroge des familles qui ont perdu l’un des leurs en raison de la répression policière. Elle maintient également des contacts avec des journalistes étrangers. A Tunisian Girl devient alors un point central pour l’opposition.

Dans le cadre de ses activités journalistiques, elle subit aussi la répression : son ordinateur et ses caméras sont volés interrompant ainsi son travail de doctorat en linguistique. et son partenaire est arrêté. Même après la fuite de Ben Ali, elle reçoit des menaces de mort. Une année après le début de la révolution, elle exprime sa déception au vu des résultats et de la victoire électorale du parti Ennahdha ; la situation économique ne s’est pas améliorée et la révolution est encore inachevée.
Ben Mhenni met aussi en garde contre une dérive de l’État vers l’intégrisme.
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Elle avait publié en 2011 un livre, Tunisian Girl, blogueuse pour un printemps arabe, où elle décrit son rôle de blogueuse indépendante et de manifestante, avant et pendant la révolution. Une traduction allemande.
Elle y appelle les utilisateurs d’Internet et des réseaux sociaux comme Facebook, dont l’audience s’est accrue en Tunisie, à les utiliser comme un moyen de mobilisation en faveur d’une « démocratie directe et populaire » et contre des formes répressives de gouvernement. L’ouvrage est inspiré par l’essai Indignez-vous ! de Stéphane Hessel.

Son blog A Tunisian Girl avait reçu le prix du meilleur blog 2011 organisé par la Deutsche Welle12.
Kristian Berg Harpviken, directeur du Peace Research Institute Oslo (en), indique avant l’attribution du prix Nobel de la paix 2011 que Lina Ben Mhenni, en tant que représentante du printemps arabe, pouvait figurer parmi les lauréats19,20, sur une liste aux côtés des Égyptiens Wael Ghonim et Israa Abdel Fattah.

Adieu Lina, ton printemps inachevé est un engagement envers tous ceux qui croient en toi…

Nadia Ayadi

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