Feriel Berraies Guigny, en deuil …« Je l’ai aimé et c’était le risque à payer… »

Fériel Berraies notre amie et collègue vient de perdre son conjoint Gilles Guigny père de ses jumeaux de 13 ans. Elle est inconsolable et exprime sa douleur.

« Mon amour est parti au ciel après à peine 4 mois de combats face a un cancer rare et virulent qui nous l’a arraché à la fleur de l’âge. Nous sommes dévastés ses grands enfants, frères, sœurs et tous ceux qui l’ont aimés, collègues amis, famille de Tunis à Paris. C’était un ange… un homme bon, sincère, authentique, doux, intelligent et intègre. L’amour de ma vie, le papa de mes enfants, le seul homme que j’ai aimé de tout mon cœur. Je suis amputée de tout mon être.
Nous ferons une cérémonie en sa mémoire à Tunis chez mes parents Anouar et Latifa Berraies et dans notre maison a Ozoir en France, une white party religieuse pour fêter sa mémoire. Il n’aime pas la tristesse. Je porterai le noir et j’arrêterai de me maquiller longtemps… Pour la cérémonie, on sera tous en blanc comme pour les white parties que l’on faisait dans le passé et où il était toujours au fourneau et au barbecue par amour pour moi sa femme Fériel Berraies veuve Gilles Guigny et ses enfants.

C’est une réalité qui n’a pas de sens comme enterrer le papa jeune de ses petits jumeaux de 13 ans seule fil « ghorba » mais l’amour m’a fait faire des folies pour le retrouver mon Gillou.
Mon père avait peur qu’un jour je ne sombre dans une souffrance et Gilles m’avait dit « prends le risque d’être heureuse… ». Je l’ai aimé et c’était le risque à payer.

C’était mon second mariage, les deux ont été malheureux « in fine » mais j’ai aimé les deux de tout mon cœur et bien différemment certes. L’amour me construit.. me déconstruit.. L’amour donne le sens à ma vie et quand je le perd je n’ai plus de sens…

L’ancienne Fériel mannequin, criminologue activiste personnalité publique est morte aussi. Gilles était mon pygmalion. J’ai tout appris avec lui, le bonheur le malheur, l’amour, le désamour, le dépassement, la générosité, le don de soi… Je l’ai aimé dans mes tripes et je l’ai accompagné dans son agonie. Mais jusqu’à la fin même sur son lit de mort il était beau… Il pleurait de nous laisser… de nous quitter de laisser ses enfants… Il se disait « pourquoi moi ? Ce n’est pas juste… »

Je vais vous avouer une chose. J’ai su qu’il allait mourir dés que je me suis mariée avec lui. j ai su que je ne vieillirait pas avec lui. J’avais cette peur sourde en moi depuis des années… On se chamaillait et il me traitait d’hypocondriaque. Il me disait vers la fin, qu’il avait lutté contre lui même qu’ il aurait sans doute dû m’écouter… mais comme j’étais sa femme, il ne reconnaissait pas la thérapeute en moi. Pourtant, j’en ai sauvé des âmes perdues, des âmes en souffrance… C’était son destin : mourir jeune, laisser une veuve jeune et des enfants jeunes…

Demain mon amour aurait eu 61 ans… L’ancienne Feriel que vous avez connu est morte ce matin avec lui a 1 h du matin. Mon ancienne vie 2019 et 2020 m’ont tout pris après 15 ans de combats d engagement pour qu’ il soit toujours aimant et fier de sa femme. Il était était mon Roc. Aujourd’hui je suis debout face au précipice avec une jambe et un bras en moins…

Mes enfants grandiront sans « colonne vertébrale »…sans papa. Je pense a tous les orphelins, aux veuves et veufs du monde. Le deuil sera long la douleur et le chemin aussi… Mes enfants ses grands enfants ses petits enfants sont un legs tellement magnifique qu’ il ne peut qu’être fier de tout ce qu’il a accompli.

Il a eu une vie courte mais si remplie si pleine d’amour de Tunis à Paris. Jallel, Jalloul, Doudou et Gillou …
Que laissons-nous au fond après notre vie ? Certainement pas le matériel ou l’argent, c’est si illusoire sans amour… Mais l’amour qu’on a donné, récolté et les fruits que cela a produit… Il en a eu six de production et cela a fait six autres petits après autant vous dire que la lignée est assurée. Finir par des jumeaux le choix du Roi… il a bien travaillé ! Il a été aimé par deux femmes magnifiques de poigne aussi ! Son départ est une blessure béante pour tous…

Ma blessure aussi, est que mes petits de 13 ans ne grandiront pas avec lui. Ce sont des enfants orphelins
qui n’ont pas fini le chemin pour devenir adultes. Ma tâche est d’autant plus rude, plus solitaire plus douloureuse…mais j’ai toujours défendu la veuve et l’orphelin en Afrique, à mon tour de défendre les miens
et de faire en sorte de rebondir en 2021 plus forte plus sereine. Je laisse beaucoup de choses de passions et d’ambitions derrière moi. Tout n’a plus le même sens…

Cette douleur atroce a été une gifle monumentale qui m’a réveillée » sur le vrai sens de la vie ! J’ai déjà souffert dans ma vie de diplomate même si j ai eu des parents qui ne m’ont laissée manquer de rien et qui m’aiment mais j’ai toujours été une apatride une écorchée vive, une déracinée, une hypersensible et peu de gens le comprenait sauf Gilles….

Cela fera de moi une thérapeute encore plus engagée. Il faut avoir mal pour comprendre le mal des autres. Il faut avoir la rage du désespoir pour inverser les fatalités. Seule la mort m’anéantit avec la perte d’un amour. Je ne veux plus avoir mal à cause de l’amour… Je me fais serment ! Je vis un Tsunamis… Je serais à la hauteur de tes attentes Gilles mon amour… pour nos enfants et pour ta mémoire. »

Taieb Zahar, l’équipe de Réalités et de Femmes et Réalités adressent leurs sincères condoléances à notre amie Fériel, aux familles Berraies et Guigny.

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