Diane Chatelet : ‘‘Les Tunisiennes me paraissent mystérieuses…’’

Diane Chatelet, la Lyonnaise aux yeux espiègles et au sourire porcelaine, a ce côté pur de l’enfant mais un esprit vif d’intelligence émotionnelle devant un objet d’art. Vedette du plateau « Affaire conclue » sur France 2, elle donne toute une fraîcheur colorée à la célèbre émission. Les Tunisiens sont nombreux à suivre au quotidien l’émission de Sophie Davant et en particulier les experts dont la belle Diane Chatelet.
Pour en savoir plus sur la plus jeune acheteuse du plateau, nous l’avons contactée pour avoir ses confidences en exclusivité.

Comment l’aventure de votre galerie a-t-elle commencé ?
Après avoir travaillé pour des maisons de ventes lyonnaises et parisiennes, pour une fondation en Suisse, pour des galeries d’art et pour des antiquaires, j’ai décidé de créer ma propre société afin d’être totalement consacrée aux diverses activités que je menais déjà sur mon temps libre : acquérir du mobilier, des objets d’art, des peintures, des sculptures etc. pour des collectionneurs, des marchands, des décorateurs… Conseiller et accompagner des particuliers dans leurs projets d’aménagement et de décoration de leurs intérieurs, mettre en relation des collectionneurs pour l’acquisition d’œuvres d’art moderne… Et puis créer un site en ligne www.impossiblegallery.com et ouvrir une boutique aux puces à Saint-Ouen.

Depuis quand les objets d’art sont-ils devenus une passion ?
D’aussi loin que me porte ma mémoire, j’ai toujours été passionnée par l’art, les objets d’art, l’histoire et le patrimoine… Avant mes dix ans, le mercredi, mon activité extra-scolaire était de suivre les cycles d’Histoire de l’art dédiés aux enfants : découverte de l’égyptologie, de l’histoire de la peinture, de la sculpture, du mobilier, etc. Je passais beaucoup de temps dans les livres d’art de mes parents.
Le week-end j’accompagnai régulièrement mes parents dans les salles des ventes, les brocantes ou chez les antiquaires. J’ai donc tout naturellement orienté mes études pour rejoindre le marché de l’art.

Est-ce que vos parents étaient des passionnés d’art ?
Ma mère a été antiquaire à Versailles où elle tenait une boutique dans le célèbre passage de la Geôle. Mon père, avocat a toujours été féru d’histoire et d’objets d’art. J’ai donc évolué dans ce terreau fertile où il était naturel de m’intéresser au patrimoine artistique.

Est-il vrai que vous avez intégré l’émission « Affaire conclue» par une simple demande ?
En effet, j’avais déjà regardé l’émission avant d’y participer et c’est la raison pour laquelle j’ai candidaté.
J’ignorais totalement si la production cherchait à renouveler son panel d’acheteurs. Je ne connaissais personne ni dans le programme, ni chez Warner Bros. J’ai donc adressé mon curriculum vitae accompagné d’une lettre de motivation un peu comme on jette une bouteille à la mer… Et pourtant, dès le lendemain un premier entretien téléphonique eut lieu. Et puis deux autres chez Warner Bros. La semaine suivante, je tournais ! Tout est allé très vite pour moi !

Quels sont vos rapports avec l’équipe d’ « Affaire conclue »…avez-vous des favoris?
Je m’entends très bien avec l’équipe. Je retrouve Caroline Margeridon, Julien et Jamel quasiment tous les week-ends aux puces puisque nos boutiques les unes sont à côté des autres.
Je chine régulièrement avec Alexandra. Évidemment je ne passe jamais à Bruxelles sans rendre visite à Gérald et à Stephane ! Côté experts, naturellement je regarde attentivement leurs catalogues de ventes et nous essayons de dîner ensemble dès que nos agendas nous le permettent.

Quel regard portez- vous sur Sophie Davant?
Sophie Davant a su mener de front sa magnifique carrière et l’éducation de ses enfants. C’est une femme très professionnelle qui conduit les expertises avec maestria. Attentive aux vendeurs et sensible à leurs objets, elle aime aiguiser son œil sur les œuvres présentées, le mobilier, les peintures, les sculptures…
Nous apprécions toujours ses apparitions dans la salle des acheteurs où elle conclue certaines de nos ventes avec humour et bienveillance.

Où aimez-vous chiner en particulier ? Des adresses favorites ?
Dès que je suis quelque part je regarde où sont les antiquaires, les brocantes et les vides greniers. Tous les mois, les marchands ont accès à de nombreux déballages réservés aux professionnels : Le Mans, Chartres, Montpellier, Avignon, Lyon… Je fréquente beaucoup Drouot et les autres salles des ventes puisqu’il est très facile d’enchérir à distance par téléphone ou internet. J’ai aussi de nombreux particuliers qui me contactent pour des expertises et acheter leurs biens.

Vous arrive-t-il de récupérer de la rue ? De nombreux vendeurs de l’émission nous indiquent avoir trouvé leurs objets dans la rue ! Quelle aubaine pour eux !
De mon côté à Paris, rien de très fameux sur le macadam… Mais une fois, j’ai trouvé un beau jeu d’échec en ébène et ivoire avec les jetons en parfait état. C’était ma seule trouvaille notable !

« Impossible Gallery », Pourquoi un nom aussi insolite ?
On me fait souvent remarquer que le nom de ma boutique est surprenant, inhabituel ! Ce nom résulte pourtant d’une réflexion de longue haleine… Mon idée est de réunir et de marier dans un même espace des univers, des styles, des époques et des objets qui, de prime abord, ne devraient pas être réunis. Quand les œuvres sont belles elles peuvent cohabiter avec d’autres, sans dissonance ou cacophonie. Cette volonté m’habite également dans ma galerie aux puces de Saint-Ouen. Que l’espace soit virtuel ou physique, les œuvres peuvent chanter entre elles, donner des émotions et déclencher des envies.

Que pensez-vous des brocantes en ligne et de chiner depuis son canapé ?
J’achète beaucoup d’après photographies et ce, depuis des années. Je consulte et achète moi aussi sur ces plateformes. Ouvrir un site de ventes en ligne a donc été une évidence. L’univers des antiquités s’est considérablement modernisé et digitalisé ces dernières années.
Beaucoup de marchands ont un site internet et vendent via les plateformes dédiées. Pour les acquéreurs, cette façon de chiner est plus rapide et plus pratique. Ils ont ainsi accès à une offre internationale illimitée !
Dans le cas de la vente à distance, les acquéreurs parfois réticents sont protégés par le code de consommation français qui garantit un droit de rétractation 14 jours après la réception de l’objet. Il faut d’ailleurs noter que lorsqu’on achète dans un magasin, l’acquéreur ne dispose pas d’une protection équivalente.

Un meuble que vous avez relooké et dont vous êtes fière ?
Je n’ai pas pour habitude de transformer les meubles ou les objets d’art que j’achète.
J’aime les meubles « nature » qui n’ont pas été restaurés ou transformés. On peut accepter les restaurations dites d’usage qui n’entravent pas l’intégrité de l’objet et qui lui permettent de traverser les époques. Je n’aime pas les bronzes XVIIIe trop redorés, ni les vernis Martin trop brillants ou les meubles dont le placage est neuf. En revanche, pour des petits meubles années 50-60, trouvés en brocante on peut leur redonner un look en les repeignant, en changeant des poignées, en coupant des pieds… On donne ainsi une nouvelle vie à des meubles désuets passés de mode.

Chez vous, comment est-ce meublé ?
A la fois avec de l’ancien et du contemporain. Je n’achète que des pièces pour lesquelles j’ai un coup de cœur !
Il ne faut jamais être pressé pour meubler et décorer son intérieur.
Si on veut un lieu avec de la personnalité et de l’originalité cela prend du temps. J’aime changer ma décoration ! Je change régulièrement mon aménagement.

Etes-vous collectionneuse d’un objet ou d’un accessoire en particulier ?
Je suis très sensible aux objets et la transmission est une donnée très importante pour moi. On se doit de les préserver pour que les générations futures puissent en hériter. En revanche, je n’accumule pas. J’ai des pièces qui ont une valeur sentimentale inestimable dont je ne pourrai pas me séparer.

Les trois mots-clés du bon chineur ?
La curiosité, la volonté, la patience. Lorsqu’on chine, il faut se laisser surprendre par les objets, ne pas avoir d’attente. Ouvrir l’œil et s’armer de patience. On peut parfois découvrir un objet d’art extraordinaire au milieu d’objets du quotidien. Il faut persévérer, chercher, chercher et chercher. Quand on aime, on ne s’aperçoit même pas du temps que l’on passe pour mener cette quête.

Quel est l’objet le plus incongru que vous avez découvert en chinant ou dans Affaire conclue?
Dans l’émission nous rencontrons souvent des objets énigmatiques que nous appelons les objets mystères. Dernièrement, nous avons eu des menottes à pouce dites poucettes.
De nombreux instruments scientifiques nous sont également régulièrement présentés. Je me rappelle d’un angiostéréomètre (appareil permettant de calculer la pression sanguine) qui avait occasionné un malaise vagal à Harold Hessel en plein tournage…

Quel est le moment le plus insolite pour vous dans « Affaire conclue » ou une anecdote ?
La production aime nous réserver des surprises !… En février 2019, deux jumelles sont venues séparément. Nous avions d’abord pensé qu’il s’agissait de la même personne venue vendre deux lots le même jour ! Les deux sœurs ont ainsi réussi à nous déstabiliser et à engendrer une situation assez cocasse.
Nous croyons savoir que vous avez à peine 34 ans mais que vous êtes mariée depuis plus de dix ans et maman de deux adorables petites filles. Pour une Européenne, c’est un peu surprenant de se marier aussi jeune. Le prénom d’Aurélien vous dit quelque chose ?
Je vis avec Aurélien depuis 10 ans, mais nous nous sommes mariés en 2015. Nous avons en effet deux merveilleuses petites filles, Hortense et Eléonore.

Savez vous que vous êtes bien connue en Tunisie ?
J’ignorais qu’il y avait un tel engouement pour l’émission en Tunisie et je ne pensais pas y être connue ! Je crois que cette émission fédère de nombreux téléspectateurs. Ils peuvent s’identifier à chacun de nous, reconnaître certains de leurs objets et se laissent surprendre par le suspense qui règne dans la salle des ventes.

– Pensez-vous venir visiter notre pays un jour ?
Je suis venue enfant avec mes parents à Djerba.
Nous avions fait un circuit en passant par Ksar Hadada et Tataouine. A mon tour de revenir avec mes enfants !

– Quel est le meilleur et pire moment de votre vie ?
La vie nous réserve à tous le meilleur et le pire. Chacun de nous a la faculté de retenir et d’entretenir le souvenir des moments heureux. Les naissances de mes deux filles sont des souvenirs inaltérables.

– Quel est le métier que vous n’avez jamais pu faire ?
Je suis une passionnée ! Je crois que j’aurais pu faire beaucoup de métiers dans le domaine artistique. J’aime aussi bien les métiers manuels (ébéniste, doreur, paysagiste, etc.) que les métiers dits plus intellectuels. J’ai hésité à être avocat. Se sentir utile et trouver un épanouissement dans son métier est essentiel.
Les souffleurs de verre me fascinent, mais je n’aurais jamais pu supporter le poids de la paraison…

– Quel est le meilleur jour de la semaine pour vous ?
Depuis le mois de janvier j’ai une galerie aux puces de Saint-Ouen (pas loin de Paris) qui est ouverte du vendredi au lundi. Je travaille donc 7/7 pour tenir la galerie, pour chiner, me rendre sur les tournages d’ « Affaire conclue » et rencontrer mes clients à Paris ou en province. Je n’ai pas de jours favoris, je suis heureuse d’avoir un métier qui me passionne où aucun jour ne se ressemble.

– Votre dernier fou rire ?
Aimer rire n’empêche pas d’être sérieux et professionnel. J’aime rire, je suis bon public et je ne compte pas mes fous rires ! Je ris de moi-même, des autres, des situations. Avec bienveillance, on peut rire de tout. Garder le sourire, rester souriant et de bonne humeur c’est la moindre des politesses lorsqu’on est regardé par des millions de téléspectateurs.

– La dernière fois où vous avez pleuré ?
Je suis hypersensible et je prends les choses à cœur. De fait mes émotions sont exacerbées. Pleurer m’arrive régulièrement.

– Quel regard portez-vous sur la femme tunisienne ?
Depuis le XIXe siècle les Européens nourrissent des liens très particuliers avec l’Orient, sa lumière, ses paysages, sa culture, la beauté de ses femmes…
J’ai l’impression que la cause des femmes en Tunisie marque de grandes avancées ces dernières années. Les femmes sont l’avenir.
Les Tunisiennes sont des femmes de caractère qui me paraissent à la fois mystérieuses, courageuses et dévouées à leur famille et à leur pays.

– Un message aux Tunisiens passionnés de brocante ?
Laissez-vous guider par vos émotions devant un objet, un meuble, une œuvre d’art…
Entretien conduit par Nadia Ayadi

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