J’ai surpris mon époux avec un homme dans mon lit…

Manel, une jolie fille aux traits agréables, qui a grandi sans problèmes dans une famille conservatrice, est interpellée brusquement par le devoir du mariage. Un mari d’une « grande famille » se présente et l’arrache à sa petite vie simple et insouciante. Elle plonge dans une aventure hallucinante pour comprendre plus tard qu’elle a été utilisée comme « couverture sociale », dans le but de cacher le véritable statut d’un homme.
Elle confie :
‘‘Je suis issue d’une famille modeste, je fus élevée avec ma sœur ainée dans le respect des traditions et des valeurs ancestrales. Je comprenais très jeune que je ne devais compter que sur moi-même et sur mon instinct de fille très proche des garçons, pour apprendre à me protéger contre n’importe quel danger.
Je fus complètement désorientée lorsqu’un jour, on frappa à la porte pour demander la main de ma sœur, âgée seulement de 17 ans. Tout changea dans mon petit univers quand elle fut partie rejoindre son mari. Ce dernier se révéla très sèvre et la priva très souvent et pendant longtemps de nous rendre visite. C’est à partir de ce jour que j’avais détesté mon mariage. Très jeune je me surprenais en train de partager la tristesse et la froideur de la vie conjugale de ma sœur aînée. Et comme je ne pouvais échapper à mon destin de femme, on frappa un jour à notre porte. Il s’agissait d’ une famille très connue qui se présenta à mes parents un peu surpris de cette belle intrusion. Le motif de cette visite fut très vite expliqué. « Nous sommes venus demander la main de Manel pour notre fils D., dit la ravissante dame qui ne pouvait être que la maman du mystérieux fiancé. ».
Qui était-il ? Pourquoi m’avait-il choisie particulièrement, alors que je ne l’avais jamais vu ? Pourquoi une famille de cette réputation m’avait-elle choisie pour leur fils ? Mes parents acceptèrent malgré tout la demande avec ravissement. Durant la période des fiançailles qui avaient duré deux ans, je ne voyais pas très souvent l’homme qui a choisi de m’épouser. Il venait tous les dimanches déjeuner chez nous. C’étaient les seuls moments où nous pouvions nous rencontrer sous le regard bienveillant de ma mère. Mon travail m’occupait beaucoup et je prenais plaisir à m’y investir. Le jour du mariage fut fixé pour le mois de décembre. J’avais exactement 23 ans. Ce fut une cérémonie grandiose à laquelle étaient conviés beaucoup d’invités du côté de ma belle famille. Je fus éblouie par le faste de cette soirée magique. J’étais heureuse de découvrir les regards qui convergeaient vers moi avec admiration. A la fin de la cérémonie, mon mari me ramena dans ma nouvelle demeure. Nous arrivâmes sur les lieux en compagnie comme le veut l’usage de ma « hannana ». Mon mari semblait un peu déconcerté, me laissa entre les mains de la « hannana ».

‘‘ Je n’ai savouré que l’amertume d’une nuit longue et glaciale’’
Nous dûmes l’attendre plusieurs heures avant son arrivée. Il daigna enfin rentrer et retrouver sa nouvelle épouse. Il était dans un état d’ébriété manifeste. Il se déshabilla et s’endormit à poing fermés. Comme nuit de noces, je n’ai savouré que l’amertume d’une nuit longue et glaciale. Je n’avais pas cessé de ruminer mes espoirs et d’essayer de comprendre ce qui se passait avec l’homme qui était dans mon lit. Comment accéder à mes désirs et transformer mon corps en celui d’une femme heureuse. Je demeurais ahurie par ce comportement… Soudain, j’ai eu une pensée pour ma sœur, comme si je voulais saisir à travers elle, l’absurdité du mariage et des hommes. La même attitude se répéta le lendemain, puis le surlendemain, puis toutes les autres nuits. Mon mari rentrait tous les soirs ivre-mort et tombait immédiatement dans un profond sommeil. Ne pouvant plus supporter cette situation, je décidais de tout raconter à sa mère. Elle ne s’offusqua guère de la conduite de son fils. Alerté par sa maman, mon mari me fit un scandale. Il m’agressa en me giflant, provoquant une fracture de l’os temporal. Je rentrais dans une déprime qui vira vite vers une grave dépression. Un jour, je me suis mise à fracasser et détruire tout dans la maison. Une fois calmée, je mis quelques affaires dans une valise pour rejoindre le domicile de mes parents. J’y rentrais comme j’en étais sortie, en jeune fille toujours aussi vierge avec la certitude que mon mariage n’était qu’une grosse tromperie.

‘‘Il avait peur d’avoir des relations sexuelles avec moi’’
Combien de fois, mon mari m’envoya « une jabhia », ce genre d’émissaires de famille pour que je revienne à la maison ? Influencée et blasée, je revins malgré tout à la maison, éprise d’un faible espoir. Parfois dans la nuit je sentais mon mari très proche de moi faisant un effort pour tenter de m’honorer. Ces tentatives s’avéraient toujours vaines. Je n’avais jamais fréquenté les hommes avant mon mariage. Je ne pouvais pas comprendre cette attitude. Il m’expliqua sa peur d’avoir des relations sexuelles. Il était tel un enfant perdu dans sa passion. Ma peine se transforma en pitié, je le prenais dans mes bras pour le mettre en confiance ou en appétit…
Nous décidâmes d’aller voir un spécialiste. Il l’ausculta profondément, alors que j’étais derrière le rideau. Durant le long entretien, , j’ai cru entendre la voix du spécialiste : « ce n’est pas normal… il aurait fallu consulter beaucoup plus tôt ».
Préoccupée, je ne donnais pas de suite à cette remarque. L’ordonnance était bien fournie.
Je commandais immédiatement de l’étranger le traitement inexistant en Tunisie. Il était censé éveiller enfin la libido de mon époux. Hélas, même le précieux traitement n’eut aucun effet. Mon mari continuait à boire et à m’ignorer. Fatiguée, désespérée, lassée, je repris encore une fois le chemin de la maison paternelle bien déterminée à en finir avec cette insupportable situation.
Ironie du sort, c’était pendant cette période que le divorce de ma sœur fut prononcé. Je voyais en cette délivrance le signe précurseur d’un destin commun. Un jour, j’ai rencontré par hasard une ancienne voisine qui m’informa que depuis mon départ, des choses mystérieuses se déroulaient dans la maison de mon mari. Je ne tardais pas à découvrir une activité bizarre chez moi. Accompagnée d’un huissier notaire, je fis irruption dans la demeure. Mon mari était sur le lit presque nu et discutait tendrement avec un jeunot en caleçon. Du coup, je sentis le monde entier s’écrouler sur ma tête. Surpris par mon intrusion inattendue, mon mari ne savait plus quoi faire. Il me regarda avec une certaine peur. Je l’évitais, je voulais crier, mais aucun éclat de voix ne put sortir de ma gorge. Je voulais qu’on entende ma terrible découverte. J’ai épousé un homosexuel. Il prenait son plaisir dans ce même lit, où des nuits entières, je campais avec mes espoirs désespérés. Je découvrais une arnaque et je mesurais combien j’étais naïve. Moi, la jeune fille du coin, issue d’une famille modeste et conservatrice qui avais été choisie au hasard d’une supercherie reliée à une trame bien astucieuse, donner un statut de marié à un homme aux gènes différents pour qu’il puisse vivre sa vie de gay !
Cette fois-ci, je quittais définitivement et sans regret ma maison. L’huissier notaire m’interpella pour me dire que j’étais la dernière à connaître la vérité de mon mari. Tout le monde le savait, y compris sa mère.

‘‘Quatre ans de vie conjugale gâchés et toujours vierge’’
Ô grand Dieu, que cela fait mal de se réveiller un jour en se trouvant impliquée dans une comédie humaine dont on est l’acteur principal. Quand mon divorce fut prononcé, une délivrance m’envahit, un soulagement et une paix enveloppèrent tout mon être. Quatre ans de vie conjugale gâchés et toujours vierge. Je me consacrais désormais de plus belle à mon travail. J’en récoltais pour la première fois le fruit de mon labeur en achetant une maison bien à moi. Je retrouvais petit à petit les traces de quelques anciennes connaissances. Un jour, je reçois un appel téléphonique d’un ami de mon ex-mari. Il est citoyen d’un pays arabe et venait souvent à la maison. Il était très heureux d’entendre ma voix et m’avait exprimé tout son soutien. A chaque fois que je l’avais au bout du fil, je sentais qu’il avait de plus en plus de sympathie pour moi. Il me déclara très vite son amour enfouis qui avait débuté depuis le temps où j’étais mariée. Il me proposa de vivre avec lui dans son pays pour une nouvelle vie et surtout pour me reconstruire. Il m’a promis de tout me donner avec un bonheur que je n’ai jamais eu. J’ai accepté après mûre réflexion. Je voulais forcer le destin et me détacher de cette vie qui n’a pas été tendre avec moi. Je voulais connaître l’amour, la chaleur du corps et la virilité d’un véritable homme. Oui ! Je revendique un droit, mais je suis épouvantée par ce sentiment invincible que ma vie ne pouvait être que désert et sécheresse. Aujourd’hui, je me sens comme un peu débarrassée de mes craintes. Je voudrais refaire ma vie, aimer, être aimée, réaliser mes rêves et fonder une famille, même si l’incertitude est toujours en moi. Seul l’avenir me le dira. Et il me l’a dit à sa manière…
S.B.M

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