Un tunisien prend le chemin de l’église
Ma quête du Christ était similaire à l’amour d’une jeune fille. C’est la raison pour laquelle je l’avoue aujourd’hui j’ai mal aimé les filles car je les aimées sans faux semblant ni calcul. Mais avec le christ cela avait réussi. Non que je sois devenu bigot, non loin de là mais je me suis mis à l’aimer inconditionnellement.
Le corpus d’histoire de l’art m’a beaucoup aidé pour me confondre de façon quasi hédoniste dans ce monde esthétique mis au service de l’éthique chrétienne… du Masaccio de la Sainta Maria sel carmin au Caravagio. Mais ce n’était que vanité d’intello qui ne cherchait qu’à hypertrophier son ego.
A l’époque où j’étais athée, mon entourage acceptait mes idées critiques contre l’islam. On me prenait pour quelqu’un d’intéressant ou encore une quelqu’un qui avait osé dire ce qu’ils ne peuvent dire ou ce qu’ils pensent… Mais lorsque j’ai annoncé que je suis devenu le disciple du Christ, c’était un séisme ! Tous m’ont craché sur la tête et vomi dans les godasses. J’ai appris à pardonner et j’ai pardonné.
Un jour je fus baptisé à La Chapelle Lavigerie avec le privilège d’avoir été l’un des rares baptisés depuis les années 50. J’ai retrouvé mes racines chrétiennes nord-africaines qui datent non pas du 7ou 8ème siècle mais du 2ème siècle.
J’ai retrouvé mes sœurs Perpétue et félicité, mes frères Cyprien et Augustin et réfléchi avec Tertullien quant à ses thèses contre l’hérésie marcionisme.
Et puis un jour, je fus jeté en prison pour fait religieux. J’étais seul au monde mais Le christ était là avec moi doux et humble. Il m’a aidé pour continuer à vivre.
Une autre fois, j’ai eu une hémorragie. Celui qui frappa un soir à ma porte, à qui j’ai ouvert et avec qui j’ai dîné pour me transformer en sel de la terre et lumière sur le chemin du pionnier. Cet être-là était présent. Il avait entre les mains deux cadeaux à m’offrir sans retour : l’amour et l’humilité. Amen »
Propos recueillis par Nadia Ayadi
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