A six mois de grossesse, les médecins lui annoncent qu’elle allait bientôt mourir.
Ce jour-là, elle s’est rendue, confiante, à l’hôpital. Après tout, il ne s’agissait que d’un examen de contrôle. La jeune femme, belle et pleine de vie, se sentait tellement en forme qu’elle en était venue à croire que cette deuxième grossesse la dopait naturellement. Le choc n’en fut que plus rude ! Au pire, elle s’attendait à ce qu’on lui annonce une carence en enfer. Alors, quand un médecin, l’air grave, lui dit : « Vous avez une leucémie », Elle a senti le sol se dérober sous ses pieds.
Une histoire vraie d’une française rapportée par le journaliste Cyril Guinet du magazine Closer.
Le premier réflexe de Sandrine a été de porter les mains sur son ventre arrondi. « Et mon bébé ? » a-t-elle demandé ? La réponse tombe comme un couperet. A presque six mois de grossesse, il n’est ni possible d’accoucher ni d’avorter. « On m’a expliqué que, dans ce genre de situation, on privilégie la survie de la mère au détriment de l’enfant. » Le médecin est catégorique : « Sans chimio, vous ne serez plus là d’ici deux semaines. » Un médecin conseille même à ses proches de lui dire adieu.
Sept jours plus tard, Sandrine entame son traitement avec un moral de battante. « Je devais être forte pour mon bébé à naître et pour Carly, ma fille aînée. Je me disais que d’autres femmes avaient survécu, alors pourquoi pas moi ? ». Mais les effets secondaires de la chimio étaient terribles… rétention d’eau, vomissements, œdèmes, fièvre… Bientôt, elle doit être transférée en réanimation. Ceux qui se relaient à son chevet, au milieu des perfusions et des machines qui bipent sans arrêt, constatent, bouleversés, que le fil qui la relie à la vie est de plus en plus fragile. Jusqu’à ce terrible soir où un médecin conseille à ses proches de lui dire adieu... Son mari s’est effondré. Elle se souviens de la voix de son père qui me répétait : « Bats-toi ! Jusqu’au bout ! » avant que les infirmières le raccompagnent à la porte.
Le lendemain matin, en proie à des douleurs au ventre insoutenables, Sandrine appelle les infirmières pour qu’elles l’aident à se lever. C’est alors que quelque chose glisse entre ses jambes. « J’ai cru que j’avais accouché d’un enfant difforme. J’ai distingué une masse, sans tête et sans membres, et j’ai cru que j’avais accouché d’un enfant difforme… » Il n’en est heureusement rien. Le bébé n’a pas souffert des lourds traitements administrés à sa mère. Il a juste été expulsé avec le placenta, ce qui a induit Sandrine en erreur.
Après les premiers soins et un brin de toilette, la jeune accouchée peut même serrer sa petite Jenny contre sa poitrine. Elle pèse 1,2 kg pour 33 cm. Le Bonheur est de courte durée. Une heure plus tard, la petite prématurée est transférée dans un autre établissement pour la soigner.
Désormais, mère et fille doivent mener la bataille pour leur survie, chacune de leur côté. Pour Sandrine, une nouvelle épreuve d’isolement commence et une greffe de moelle osseuse est décidée. Son frère se révèle être compatible.
La procédure n’est pas simple et implique, après l’intervention, de rester de longues semaines dans une chambre stérile, à l’abri de toute contamination. Sandrine sombre dans la déprime. « Je n’étais plus une femme pour mon mari, plus une mère pour mes filles. Je ne ressemblais plus à rien. Pire que tout, mon mari avait beau me parler de Jenny, me dire qu’elle était jolie, qu’elle prenait du poids… au fond de moi, je ne ressentais rien pour elle… ». Mais heureusement, les idées noires sont parfois de piètres oracles. Après huit longs mois d’hospitalisation, Sandrine peut enfin rentrer chez elle.
De retour à la maison, elle découvre que son mari avait calfeutré portes et fenêtres et installé un purificateur d’air pour la protéger des miasmes. « C’était une belle marque d’amour, pour Sandrine, mais à partir du moment où les médecins avaient signé son bon de sortie, « c’est que je ne risquais rien à ce niveau-là. Confie la jeune femme ». Il lui faudra encore du temps pour reprendre ses marques, retrouver sa place de maman auprès de sa fille aînée, et apprivoiser Jenny, sortie bien avant elle de l’hôpital, et pour qui elle est une étrangère.
Aujourd’hui, Sandrine fête ses six ans de greffe. « Cela signifie que, normalement, je suis guérie dit-elle souriante. A travers cette épreuve, j’ai appris à relativiser et à apprécier chaque instant de l’existence. ».
Elle en tire aussi une belle leçon de vie. « Sans mes proches, ma famille, mes amis et le personnel médical, je ne serais pas ici. C’est pourquoi je veux partager mon histoire et aider à mon tour, les patients et accompagnants, pour que personne ne reste seul face à la maladie. « L’enfer, c’est les autres », affirmait Jean-Paul Sartre. Mais Sandrine, par son témoignage et son action, lui rétorque que « l’enfer, c’est sans les autres ».
Les commentaires sont fermés.