Au 4ème Art : L’humour contre le fanatisme, un pari risqué mais fort réussi
L’avant dernière représentation de « Hourya » de Leila Toubel dans la salle du 4ème Art à Tunis avant la reprise au mois d’Avril. La pièce a encore fait sensation devant un public venu nombreux découvrir ou redécouvrir « Hourya » dans tous ses états : De Syrie à Bagdad, de Londre à Paris ou à Nice, de Palmyre au Bardo ou Sousse… Le terrorisme sans foi ni loi frappe partout dans le monde les hommes et surtout les femmes dans une violence qui n’a pas de nom. Au cœur de l’amour, il ravage les cœurs et l’esprit en tuant les rêves qu’on croyait vrais…Le ciel et la terre ont été remués par une seule antenne sur scène qui essaie de rester en vie grâce un pianiste qui tente la tendresse impossible à l’aube de son printemps pas tout à fait arabe.
Le sujet attire et libère la parole au cours des sublimes représentation de l’artiste en majuscule Leila Toubel. Un échange de plus en plus émouvant avec les spectateurs grâce aux rires qu’elle déclenche. Le rire comme un exutoire, comme dernier rempart contre l’obscurantisme : l’humour plus fort que la haine. L’intention c’est d’utiliser le rire pour parler d’un sujet dont peu de gens arrivent à parler. Une des originalités de cette pièce vient du fait qu’elle a été arrangée à chaque fois par son propre auteur. Des hauts parleurs placés tout autour lui donnent parfois la réplique nous permettant de ne pas oublier les personnes qui ont marqué l’histoire post révolution mortes en martyrs.
Le fait de ne voir qu’un seul acteur sur scène est tout d’abord perturbant. La peur de l’ennui ou l’appréhension du rythme se ferait sentir, mais Leila Toubel réalise à chaque fois un tour de force. Elle est juste percutante et envoûtante. Le spectateur est tenu en haleine jusqu’au bout et on n’a même pas envie que cela finisse.. le spectateur jongle entre l’absurde, l’humour et les dialogues durs, autant évocateurs, que libérateurs.
Des projecteurs, deux paravents, un tabouret, un piano et des néons lumineux sont les seuls éléments sur la scène. Cette sobriété donne un caractère intemporel à cette pièce mais il en renforce aussi l’intimité. Une intimité que le personnage crée avec le spectateur, oppressant, stressant mais aussi captivant, il marque le public par l’intrusion du personnage attachant et touchant qu’est Leila Toubel.
La traduction simultanée de la pièce transmise au spectateur était claire, reposante et fidèle. Belle performance signée Hamadi El Kamel. Cela a bien rendu service aux quelques spectateurs étrangers dont un remarqué et remarquable à savoir son excellence Olivier Poivre d’Arvor qui bien apprécié et a tenu a voir l’artiste à la fin de son spectacle.
N.A
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