Expo : Leila Zribi et Maher Kamoun, un duo qui a fait battre le cœur du « Damier » !

Leur complicité s’est exprimée dans un travail à quatre mains mêlant deux styles différents pour n’en faire qu’un. Il s’agit des artistes Leila Fendri Zribi et Maher Kamoun. Ils ont choisi de « converser » poétiquement ensemble par la peinture. Hasard ou convention ? Leila et Maher possèdent sans doute cette façon de lier le corps et l’esprit autant que leur riche carrière académiques et culturelles.
Lors du vernissage, ils étaient d’ailleurs venus nombreux amis, artistes et curieux voir une exposition aussi originale que magique intitulée « Sweet Suite » dont la musicalité était presque palpable. En effet, « Une suite en « si », se raccrochant au fa…dièse, loin des fadaises colorées, reflets d’un paysage do..ré au soleil de mi..nuit, laissant les rêveur, là où le « sol » est plus chaud pour un éveil pictural très « sweet » avait confié l’artiste peintre Sylvain Montéléone.
Leila Zribi, professeur de sciences naturelles convertie en passionnée de peinture, explore la lumière à travers une œuvre picturale aérienne et libre. Elle pénétre un monde sensitif à travers des scènes réelles ou imaginaires et mystérieuses. Autodidactes, les deux artistes ont le privilège d’avoir cette liberté de ne pas s’imposer de règles dans la création. Ils suivent leur instinct sans perdre de temps pour laisser place à la contemplation, au partage de l’émotion et à la représentation de la beauté cubique ou semi figurative.
Une agréable promenade entre figuration et abstraction dans la peinture singulière de Leila Zribi. Elle a cette particularité de mettre en relief la disparition et la construction de l’univers visible. Gravée au fil du temps, son expression picturale est une ode à la nature et à la vie en couleur évoluant dans cette belle oxymore qu’est l’obscure clarté. Dans ses triptyques, l’ombre joue avec la lumière dans un « Mouvement » « Sous la pluie ». Les « Djerbiennes » sont comme une seconde famille pour elle et en parle avec passion. Cette passion qu’elle garde comme une madeleine « proustienne » des champs d’oliviers qui ont vu son enfance à Sfax.
Cette capitale du Sud qui est aussi chère à Maher Kamoun. Dans son dernier cru, il nous projette dans son cubisme bien particulier de ses toiles éclatantes. Celles-ci nous parlent et dialoguent surtout avec ceux qui connaissent sa riche carrière. Les tableaux défilent sous nos yeux leurs historiques aussi.
En occupant les premiers postes tels que les entreprises publiques, celle de L’ENA ou encore de l’Imprimerie Officielle de la République, Maher Kamoun ne peut qu’entreprendre d’une manière bien tracée sa peinture. De la netteté, de la propreté et du bien être éclaboussent ses œuvres et c’est presque normal, c’est qu’il a aussi été chargé de la Société des Industries Pharmaceutiques ! Des toiles structurées ou restructurées par un pinceau digne d’un professionnel. Et c’est qu’il a été aussi bien rodé par sa prise en main des différentes grandes réformes visant la restructuration du secteur public.
Le cubisme aujourd’hui s’installe en lui comme l’urbaniste qui organise ses tableaux identiques mais si différents à la fois. Chaque œuvre a un indice, il y a toujours quelque chose à apprendre sur l’histoire d’une époque, d’un moment. Pour une première expo, Maher Kamoun a atteint malgré tout une certaine maturité picturale et un niveau qualitatif remarquables. On note également une présence féminine omniprésente dans certains de ses tableaux. Le corps de la femme sur la toile est en recherche des lignes essentielles. Maher Kamoun en développe la surface des visages et des corps avec une rigoureuse précision géométrique.
Les œuvres de ces deux artistes évoquent ou suggèrent laissant toute sa liberté à l’imagination et à la réflexion intérieure. Telles des liens, une convergence évidente qui présente le travail de deux artistes aux parcours différents.
Cette exposition en vaut le détour à la galerie le Damier à Mutuelle ville et se poursuit jusqu’au 3 mai prochain de 15h30 à 19h.
Nadia Ayadi
Les commentaires sont fermés.