S. Reverdi l’auteur de « L’intuition du zéro coupé » : » Aux yeux de mon père, j’étais moins qu’un zéro »
Sophie Reverdi, fondatrice de Smart and Ligth, le fameux programme contre l’obésité, explore dans un livre sa propre histoire d’obèse et de celle de tous les obèses qu’elle a sauvés. Une plongée violente mais passionnante qui donne à lire son roman « L’intuition du zéro coupé ». L’ouvrage narre une vie de honte et d’humiliations mais que par la force du désespoir, Sophie Reverdi réussit à gagner tous ses défis jusqu’ au firmament. Son livre qui vient d’être publié connait déjà un énorme succès. Rencontre avec l’auteure qui nous a accordé cet entretien.
Sophie Reverdi si vous aviez à vous définir, vous diriez quoi ?
Je dirais que j’ai eu la chance de naître avec une intuition forte qui m’a portée, dépassée même, et permis de surmonter certaines complexités. Je suis restée toujours libre, je suis allée là où le vent me portait, mais surtout, je dirais que j’ai eu la chance de vivre mille vies tellement de vies superposées, formidables, même les plus sombres et il y en a eu, évidemment. Cependant, dans chacune de mes vies, il y a eu beaucoup de belles choses, des rencontres absolument merveilleuses, de l’amour, de la passion, de l’inspiration j’ai envie de dire divine, de la créativité, de la poésie, des rires, beaucoup de rire, de fusion fortes avec certains, pas seulement sur un plan sentimental.
Des amours fortes aussi ?
Les amours profondes, je n’en ai pas eu beaucoup. Elles se comptent sur les doigts d’une main. Seulement, aujourd’hui, je vis la plus belle de mes histoires d’amour. Parfois la vie décide qu’il faut attendre d’avoir 54 ans, pour rencontrer le vrai Grand Amour, celui qui fait de vous, le meilleur, parce qu’en rien, on ne voudrait le décevoir. Puis, la sublimissime fusion et l’amour inconditionnel qui existe entre mes fils et moi, ce trio que la vie nous a permis de former, cette gratitude que j’ai envers eux de m’avoir choisie comme maman est un tel cadeau, et une telle chance, que je ne sais jamais comment leur démontrer qu’il m’est possible de les aimer encore plus fort que la veille. Ils sont ma flamme de vie, ma source de paix, ma stimulation. Enfin je dirais que j’ai l’immense chance de faire le métier que je fais, qui me passionne avec une intensité fulgurante, auquel j’y suis dédiée corps et âme. Il me rend immensément heureuse, surtout lorsque quelqu’un que j’ai accompagné dans son voyage de transformation me dit que je lui ai sauvé la vie. Peu de mes heures sombres, ne peuvent concurrencer ce sentiment d’accomplissement.
« L’intuition du zéro coupé » est le titre de votre premier ouvrage. Pourquoi ce titre ?
Ce n’est pas mon premier livre, mais c’est mon premier roman autobiographique. Le titre m’est venu complètement instinctivement… Comme je l’explique dans le livre, mon père m’avait surnommé le zéro coupé, c’est à dire que j’étais à ses yeux, même moins qu’un zéro. Un peu difficile à porter comme nom, j’avoue. Cependant, et c’est en cela que je suis chanceuse, je me disais même petite, qu’il disait n’importe quoi…que j’étais tout sauf une moins que rien. J’ai d’ailleurs réussi à certaines périodes de ma vie, à le lui démontrer. En réalité, mon père avait du mal a assumer on obésité. Il pensait que c’était un mauvais sort qu’on lui avait jeté, une malédiction. Une pensée assez courante dans nos montagnes slaves, un sale coup du destin.
C’est à mes 18 ans, que mon père avait compris dans un cabinet de médecin parisien, que j’étais malade et en danger de mort. Il ne m’a plus jamais affublé de ce surnom, qui m’a malgré tout permis de trouver en moi la force et de construire ma prophétie…
Pourquoi avez-vous voulu écrire ce livre ? Une autre thérapie ?
J’avais besoin d’écrire ce livre, il m’a permis de comprendre, en l’aboutissant, un certain nombre de questions restées en suspens. J’avais besoin de lire ma propre histoire afin de ressentir les choses avec plus de recul. Je l’ai aussi écrit pour mes enfants, à qui je n’ai pas toujours tout raconté, qui ne connaissaient que des bribes de ma vie. Mais j’ai aussi écrit cette histoire pour celles et ceux qui peuvent vivre de grosses difficultés.
Je n’estime pas avoir le monopole de ces heures noires que nous portons tous dans nos vies, mais nous pouvons, nous reconstruire, nous pouvons combattre l’adversité si nous ressentons en nous notre force, notre pouvoir de surmonter les difficultés, si notre vision reste aiguisée. Il est vrai que ela n’est pas donné à tout le monde. Je me sens chanceuse d’avoir eu droit à ce cadeau, mais c’est un exercice que l’on peut aussi cultiver. Ne jamais baisser les bras et s’écouter, rester libre de devenir qui l’on est vraiment.
Vous avez dit avant d’écrire ce livre « Je n’ai pas la prétention d’être un écrivain ». Une fois publiée, un célèbre critique a dit sur l’ouvrage, que c’était pour lui ce qu’il avait lu de mieux, que c’était même « le plus beau livre de l’année 2019 ». Cela vous fait quoi ?
J’ai eu un choc… positif, mais choc quand même, avec petite migraine à l’appui….. Je ne m’y attendais pas du tout. Comme je l’ai dit juste avant, j’avais des raisons d’écrire. Je voulais que cette histoire assez peu banale soit écrite. Beaucoup de mes amis m’ont toujours dit de l’écrire, et puis cela s’est fait. Je n’avais aucune prétentions de reconnaissance littéraire, ayant écrit plutôt comme un auteur, et puis come je suis, quelqu’un de basique, même si j’ai eu la chance incroyable d’écrire pour « Réalités », un magazine tunisien, je l’ai écrit simplement. Je pensais juste avoir raconté un parcours. Je ne m’attendais pas à un si bel écho. J’ai été totalement bouleversée et évidemment très heureuse, Monsieur François Martini, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a dit que c’était le plus beau livre qu’il ait lu en 2019, mais il a rajouté, qu’il n’avait pas tout lu….
D’une écorchée vive et des tribulations d’une famille en détresse à la réalisation d’un centre de traitement de l’obésité. Un défi ?
Pas un défi mais une promesse d’enfant tenue. Je tiens toujours mes promesses. Je me l’étais jurée, à douze ans en m’échappant d’une colonie de vacances WeightWatchers aux Etats-Unis, où nous avions été assez maltraités, que si un jour, je parvenais à maigrir, je devrais révolutionner les traitements de l’obésité qui existaient pour les enfants: respecter les enfants obèses, écouter leur détresses, les aimer, les rassurer, comprendre leur personnalités, les aider à vouloir changer en douceur et non en les affamant, en les sifflants comme du bétail, en les faisant courir et transpirer comme dans un camp militaire, sans penser à leur petits cœurs déjà sollicités par les kilos en trop et… remplis de tristesse.
Vous avez un peu vécue en Tunisie avant de partir après la révolution. Vous y êtes toujours aussi attachée ?
J’ai vécu longtemps en Tunisie, de 2005 à 2012. Je suis partie deux ans après la Révolution. J’ai adoré la Tunisie, mes fils aussi, ils y ont grandis, nous sommes tous les trois des tunisiens de cœur et d’âme. Tous leurs souvenirs d’enfance sont tunisiens, ils avaient à peine six ans quand nous sommes arrivés et presque 15 ans quand nous sommes partis le cœur déchiré.
La Tunisie a été notre maison, notre famille pendant neuf ans. Nous avons tellement de beaux souvenirs. Dès que nous le pourrions, nous y retournons avec émotion et beaucoup de joie, toujours heureux et émus de revoir nos amis, de marcher dans les rues de Sidi Bousaid où nous avons habités et que nous avons adorés. Et puis la Tunisie, je lui dois tout. L’envol et la réussite de mon projet, la reconnaissance des plus grands médecins : D’abord, le merveilleux Docteur Ridha Kechrid, un grand cardiologue à l’époque, Ministre de la Santé, qui le premier avait pensé que je pouvais apporter quelque chose à son pays, dans une période où les tunisiens faisaient face à une terrible épidémie de diabète couplée à de l’’obésité morbide, qui induisait des amputations de gangrène diabétiques à échelle industrielle, causées par des surconsommations de sucre. La rencontre ensuite avec mon mentor, l’immense Professeur Khemais Nagati. Il m’avait imposée sur le devant de la scène académique, moi qui n’étais personne. Le grand Professeur en chirurgie, Ridha Mzabi, le premier à poser des anneaux en Tunisie. Il avait suivi mon programme pour une quinzaine de kilos qu’il avait à perdre, puis m’a fait l’immense cadeau d’une lettre ( visible sur mon site) où il disait que désormais, il préférait envoyer ses patients chez moi plutôt que de les opérer.
L’éthique et l’humilité des médecins tunisiens, est sans pareille….
Je n’oublie pas non plus dans un autre registre, le doyen des journalistes. M.Taieb Zahar. Il m’avait proposé d’écrire dans les rubriques santé du groupe. Je n’oublierais également jamais ma grande amie, ma complice et alter égo Jana Vitezova qui avait été ma première cliente. Elle est ensuite devenue mon associée qui a cofondé Smart and Light avec moi ainsi que le premier centre en Tunisie. Nous avons eu la chance d’être entourés de personnes exceptionnelles et chaleureuses qui nous ont permis d’accomplir notre mission avec sérénité….
Plusieurs autres personnes incroyables, telles cette grande dame, feue Faiza Skandrani partie trop vite. Elle m’avait demandé d’écrire un livre sur l’obésité pour sa collection Vécu et santé, aux Editions Jugurtha. Elle était tellement charismatique. Une grande militante également pour la démocratie à la tête d’un mouvement pour les femmes démocrates. Il ya aussi mon ami , mon frère, Tarek M’rad d’ Express FM. Il fut et continue à être un réel ami. Il avait passé des heures avec mes fils à leur faire découvrir ses passions, la photo, le digital, la communication… Sans oublier Ahmed Chebil, qui fut aussi l’un de nos premiers anges-gardiens. Il avait construit mon premier site, et avait appris aux enfants à faire des choses absolument dingues en informatique et puis Tarek El Ouaer, qui avait rendu vivante ma méthode en concevant avec talent mon sublime Carnet de Route, et avec qui je travaille encore aujourd’hui. Mon grand ami Mehdi Hajji qui supervise notre plateforme informatique avec brio, et qui a conçu le programme en ligne de Smart and Light contenant plus de 220 vidéos tutoriels pour apprendre à maigrir et devenir son propre coach à vie. Et encore tant d’autres, qui au quotidien ont rendu notre vie tellement plus belle, je pense à notre adorée Cyrine Larabi, que la vie a emporté brutalement. Elle avait perdu 25 kilos avec le programme. Elle était incroyablement belle, intelligente… elle nous manquent toujours amèrement. Enfin et évidemment notre chère Baya, qui m’a aidé à élever les enfants et qui a mis du piment dans nos vies, pas seulement dans notre cuisine.
Et évidemment, tous mes clients, près de 1500 en Tunisie. Ils sont presque tous devenus des amis proches.
Comment pourrais-je oublier tant d’amour?
Reviendrez-vous un jour en Tunisie?
Je reviendrais toujours en Tunisie. C’est mon deuxième pays. Une de mes clientes, Hela Jedidi, en cours de certification pour devenir coach Smart and Light, va terminer son parcours de transformation. Elle ouvrira un nouveau centre à Sidibousaid. Je lui donnerai tout le soutien possible. Je reviendrais de temps en temps pour admirer son travail.
Après le succès du « Zéro coupé », un projet d’un second livre ?
Je ne sais pas si j’écrirai encore un livre mais si je le fais, il ne sera plus autobiographique. Je pense avoir tout dit dans ce roman. Il y a tellement de belles histoires à raconter. Un de mes amis à Paris, David Kafka, un grand coach sportif, m’a demandé d’écrire son histoire totalement unique et époustouflante. Je suis en train d’y penser…
Entretien conduit par Nadia Ayadi
Pour en savoir plus sur Sophie Reverdi, vous pouvez visiter son site ou sa chaîne Youtube et découvrir les témoignages des patients et ceux des médecins. Des recettes de cuisine et différentes propositions d’accompagnement existent également sur http://www.smartandlight.com
chaine
Youtube: https://www.youtube.com/channel/UC5bPC8NDIhufnSYzC0QAytQ
La chaine de Valentin Reverdi pour vous aider à maigrir: https://www.youtube.com/channel/UCDjPwb7ruR5QsDu81FWOrVg
Sur ce lien, vous pouvez découvrir le teaser de son livre.
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