Bab L’Bluz envoute le public Hamammetois
A sa 56e édition, le festival de Hammamet a donné une place importante aux musiques et sonorités africaines. Un véritable clin d’œil à notre dimension africaine qui est en nous. A sa deuxième soirée, Zouhair Gouja a présenté son projet Original fusion et la 7e soirée, le groupe Bab l’Bluz, Franco-Marocain créé en 2018 à Marrakech a posé sa valise sur la scène mythique de Hammamet. C’est la deuxième fois qu’il se produit en Tunisie. En mars dernier, il était l’invité de la 7e édition de Sicca Jazz au Kef.
Bab L’Bluz signifie en arabe « la porte du désert ». Il s’agit d’un quatuor qui fusionne Gnawa et Blues en s’inspirant des traditions. Une fusion avec la musique populaire marocaine, les nuances de la Hassaniya et le Blues mauritanien créant ainsi un engouement particulier.
Le mot « Gnawa » qualifie tout ce qui est d’origine de Ghana et de Guinée. La musique Gnawa est le fruit d’une rencontre entre trois aires imbriquées : le souffle de l’Afrique subsaharienne, de l’archipel Berbère et de l’espace arabo-musulman. Le Gnawa se caractérise notamment par sa poésie connue sous le nom de Tebraa, où les femmes chantent à leurs amants des poèmes d’amour.
Bab L’Bluz est également une rencontre entre la guitariste marocaine Yousra Mansour, le guitariste -producteur Français Brice Bottin et deux autres musiciens. L’un d’eux est d’origine tunisienne. Cette union a été réalisée lors d’une résidence à Marrakech autour d’un projet de musique Touareg. L’objectif était de mettre en avant le Guembri à l’international et ce, pour faire savoir cette musique était née en Afrique et qui est à l’origine du Blues.
La prestation de Bab L’bluz a emporté un public enthousiaste vers des univers divers en dansant et fusionnant sur les gradins du théâtre. De merveilleux rythmes jouant l’enracinement et l’ouverture, le Gnawa marié au Blues et le tout teinté de rock, de pop Hasanniya, de musique maure de Mauritanie et de certains pays voisins notamment dans le sud du Maroc.
Moment d’apothéose magique ! L’artiste Yousra Mansour chantant de sa voix intense des paroles engagées, ont été comme une sorte d’éveil spirituel. Une forme de réflexion et rébellion, un appel révolutionnaire, pour la paix et révolution sans violence.
L’artiste avait confié « le réveil de la conscience endormie d’individus endoctrinés par des propos racistes et qui considèrent certains humains comme supérieurs aux autres. Un appel à rechercher ce qui peut nous unir au lieu d’aller vers tout ce qui nous divise »
Le blues intimement lié à l’Amérique, prend sa source de la musique africaine, a été constaté chez les musiciens. Ils ont su déceler dans ces sonorités la source du blues américain. Jimi Hendrix, Santana, les pianiste de Jazz Randy Weston ou Omar Sosa sont venus se « ressourcer » à cette musique si envoûtante.
Il faudrait penser désormais à créer un festival dédié à ce genre de musique comme celui d’Essouira au Maroc où seraient invités des groupes musicaux, des artistes de l’Afrique subsaharienne et de l’Afrique du Nord à se produire. Valorisons cet art appelé en Tunisie Stambali, Diwan en Algérie et Zar en Égypte…
Sayida Bourguiba
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