Patients tunisiens : Péril en la demeure!

 

Le « SEPHIRE »,  un nom qui sonne phonétiquement comme un ambassadeur oriental de la santé pour la défendre ! En effet, il est justement le Syndicat des entreprises pharmaceutiques innovantes et de recherche. Cette organisation professionnelle de droit tunisien,  regroupe 19 multi nationale du médicament qui génère 2000 emplois qualifiés.

40% du chiffre d’affaires de ces laboratoires est généré par des médicaments fabriqués localement que ce soit par leur propres unités ou sous licences. Pour les membres du Sephire, l’accès aux traitements innovants pour les patients tunisiens constitue leur mission essentielle.

Un dîner de presse a été organisé le 25 octobre 2022 et les  sujets abordés ont concerné le départ de plusieurs multinationales du marché tunisien durant ces derniers mois. La rencontre a aussi abordé la  situation au niveau de la pharmacie Centrale de Tunisie, actuellement en termes de niveau de crédit et de processus de paiement.

En Tunisie, plusieurs multinationales ont quitté le pays.  Tout  récemment Bayer, Novartis et GSK. La situation semble extrêmement critique.

Au-delà des entreprises citées qui sont parties, d’autres laboratoires innovants pourraient également  quitter la Tunisie dans les prochains mois ou semaines à venir. Ces départs représentent une perte d’investissements directs en Tunisie que ce soit en termes de main-d’œuvre, de production, d’expertise et de formation.

Ces investissements que perd la Tunisie, iront à d’autres pays qui ont une politique plus ouverte aux investisseurs et à l’innovation. Ce qui est plus grave encore, c’est que les patients tunisiens n’auront plus accès à des produits vitaux. C’est déjà le cas, car plus de 200 produits sont en rupture de stock ou en répartition.

Le SEPHIRE se considère comme un partenaire à la fois du secteur public et du secteur privé et  souhaite fort travailler main dans la main avec toutes les parties prenantes du pays. Et c’est la raison pour laquelle il a créé plusieurs groupes de travail afin de faire évoluer certaines législations.

Pourtant, jusqu’à présent, le rythme des changements reste extrêmement lent, notamment sur ce qui se rapporte aux lois liées à la propriété intellectuelle et à la protection des brevets. Ces lois remontent à des dizaines d’années alors que la Tunisie avait signé des traités internationaux.

 

Depuis juin 2022, la situation ne s’est pas améliorée et  a même empiré. Le fonds, tant attendu, d’environ 220 millions de dinars qui avait été promis par le ministère de la Santé pour réduire le niveau de crédit et le retard dans les paiements ne s’est jamais concrétisé.

Suite à une réunion  en octobre 2022, la PCT a promis de faire un effort dans l’échéancier de paiement que SEPHIRE voudrait voir appliqué, même si cet effort n’est pas suffisant pour améliorer significativement le niveau délétère de la situation du crédit.

Après six mois d’effort, la  proposition de la PCT, pourrait réduire le délai de paiement d’un à deux mois, alors que le délai de paiement est supérieur à 14 mois (cela signifie que les entreprises reçoivent généralement le paiement des produits qu’elles ont vendus à la PCT après la clôture de leur exercice).

Le SEPHIRE se questionne : Quel fournisseur local pourrait tolérer pendant sept ans des retards systématiques de paiement de plus de 14 mois ?

Il convient de noter également que le soutien de la PCT, par rapport à certains produits qui ont déjà un générique sur le marché, ne représente que 20% du total des crédits investis par la PCT. La situation est tourmentée d’autant plus qu’il n’y a pas eu de réunion du comité technique ni scientifique depuis plusieurs mois.

 

Le constat devient hélas bien établi : Notre pays devient   le dernier pays en termes d’accès  aux médicaments innovants sur les dix dernières années.

Il est  hélas aujourd’hui le pays qui demande le plus de temps pour enregistrer un produit.  Le délai le plus long pour qu’un produit soit remboursé et le processus réglementaire global tel qu’évalué est malheureusement l’un des pires estimés dans la région. Peut-on avoir peur de tomber aujourd’hui malades en Tunisie?

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