Wafa Fakhfakh Zahaf opte pour un olivier toujours rentable malgré la sécheresse
La Tunisie en général mais la région de Sfax en particulier subit depuis quelques années une vague de chaleur interminable. Même si les températures commencent progressivement à baisser, les dégâts constatés sont déjà très importants. D’abord sur les forêts avec les incendies, mais aussi et surtout à propos de l’agriculture. Le manque d’eau criant fait plier de nombreuses cultures et même la puissante résistance de l’olivier est en souffrance aujourd’hui.
Touché par la sécheresse, les oliviers attendent en effet désespérément la pluie surtout dans la région de Sfax qui occupe le premier rang national dans la production d’olives. Ses 346 huileries constituent 33% du total des huileries tunisiennes. Là, une femme s’inquiète ! Elle s’appelle Wafa Fakhfakh Zahaf, une historienne habitée par un patriotisme passionné. Fille de l’olivier, elle gère entre autres une entreprise qui fait travailler plus de 400 personnes et sait de quoi elle parle. Elle souffre autant que ces oliviers bénis qui ne semblent plus être ces arbres riches de son enfance. Sans doute les larmes aux yeux, elle contemple les champs de ruines où certains arbres usés et fatigués stagnent sur une terre aride. Elle n’avait jamais vu de pareilles saisons où il n’y a eu aucune goutte de pluie. Sous ses doigts, les feuilles craquent.
Seule solution pour sauver l’exploitation : arroser les arbres. Mais pour les propriétaires, c’est hors de question. « L’eau, il faut la payer au mètre cube. Il faudrait alors tripler le prix de vente de l’huile, d’autant plus quand les nappes d’eau douce sont très rares sur les terrains proches de la mer.
Dans ses déplacements, Wafa est une femme observatrice et très vive d’esprit. Près de Sfax, plus précisément dans la localité de Ghraiba, un village où le taux de chômage est très important, remarque une vaste terre aride, délaissée comme d’une autre époque. Elle l’avait imaginée autrement tel un paradis vert éternel rempli d’oliviers et de fruits. Pourquoi pas ne pas la fructifier tout en faisant travailler les familles ? Mais comment faire d’une terre sèche sans eau potable et sans pluie un tel paradis ? Elle y a pensé jour et nuit, elle y a travaillé dans la discrétion même si on y croyait pas… Mais Wafa est aussi une femme de défis ! Cinq ans plus tard son rêve devint réalité ! Une maison de campagne fut construire et des oliviers remplis de fruits à perte de vue garnissaient les arbres ! Défi gagné ! Le secret ?
Le terrain a été irrigué par des eaux salines, étudié par des ingénieurs et qui a été drainé convenablement pour recevoir des doses d’arrosage nécessaires afin d’assurer le départ de ces eaux vers les plantations.
Le recours à l’irrigation a été une solution bien nécessaire pour le bon développement de ce terrain chauve et délaissé, rempli aujourd’hui par de verdoyants oliviers. L’olivier même s’il résiste à la sécheresse, répond très bien à l’apport d’eau par n’importe quelle méthode y compris cette eau salée bien dosée. « Même si certains pensent que le phénomène du saisonnement est « agaçant, il peut s’atténuer grâce à un système d’irrigation rationnel et bien conçu. » En général, les oliviers cultivés pour leur huile ont moins besoin d’eau que ceux qui sont cultivés pour leurs olives.
Un défi et un pari gagnés encore une fois par les femmes !
Nadia Ayadi
Les commentaires sont fermés.