Cancer du sein et prévention buccodentaire : Pour croquer la vie à pleines dents !

 Par Dr Faten Abdelhak

Le mois d’octobre dernier, tous les pays du monde se sont habillés en roses et les campagnes de prévention et de dépistage précoce du cancer du sein ont battu leur plein. La Tunisie n’avait pas fait pas exception et en a fait aussi son évènement. Lors des différentes manifestations dans le pays, nous avons rencontré entre autres, le Dr Faten Abdelhak, médecin dentiste à l’institut Salah Azaiez dans le service ORL, unité d’odontologie. Elle nous a confié que les soins dentaires sont d’une importance capitale pour les patients lors du diagnostic d’un cancer du sein. Il est rare en effet que les patients pensent à consulter un odontologue (médecin dentiste) avant la mise en route des traitements. Le Dr Faten Abdelhak ,  nous éclaire.

« Lors du diagnostic d’un cancer du sein, il est effectivement très rare qu’une patiente (et parfois un patient) pense à consulter son dentiste. Néanmoins l’oncologie (spécialité médicale d’étude, de diagnostic et de traitement des cancers) et l’odontologie (science médico -chirurgicale couvrant l’étude de l’organe dentaire, des maxillaires, de la cavité buccale et de ses tissus de soutien) sont étroitement liées, mais un peu mal élucidés. Les traitements oncologiques mis à part l’aggravation d’une pathologie dentaire ou parodontale préexistante, ont leurs propres effets secondaires et complications orales.

Le volet prévention buccodentaire avant la médication trouve largement son indication pour la prise en charge globale du cancer du sein et peut épargner aux patientes des complications graves. Avant d’entamer une chimiothérapie, faire un bilan buccodentaire et parodontal est important. En effet, nous ne disposons pas tous d’une bonne santé buccodentaire et il serait intéressant de faire un bilan préthérapeutique, d’éliminer tous les foyers infectieux préexistants susceptibles de réveil en période d’aplasie, de diminuer l’impact de toxicité sur les muqueuses les mucites par exemple, de traiter les lésions buccales conséquentes et prodiguer les conseils pour l’hygiène et soins buccodentaires délicats pendant cette période. Il en va de même pour le traitement par les anti- aromatases.  En effet,  l’hormonothérapie peut aggraver une ostéoporose et induire des complications osseuses.

Faire le bilan dentaire et parodontal pré- thérapeutique, une mise en état complète de la cavité buccale avant d’entreprendre le traitement. Le suivi est primordial dans le cas d’utilisation des antirésorbeurs osseux (bisphosphonates ou dénosumab) utilisés pour le traitement de l’ostéoporose ou d’une localisation secondaire osseuse. Une complication grave de ces traitements à prévenir s’appelle l’ostéonécrose (ONM) ou ostéonécrose des maxillaires. Plus de 90% des nécroses surviennent chez des patients cancéreux recevant des doses intraveineuses (IV) pour des localisations secondaires osseuses.

Les thérapies ciblées anticancéreuses en plein essor, ont profondément modifié la prise en charge en cancer, l’odontologiste doit aussi prévenir les risques conséquents comme l’hémorragie, le retard cicatriciel avec les antis angiogéniques et la survenue de nécrose osseuse (surtout en association avec les bisphosphates). Dans la lutte contre le cancer du sein n’oubliez pas de passer par votre dentiste avant d’entreprendre vos traitements et de faire le suivi. Vous n’imaginez pas tout ce que la prévention buccodentaire peut vous épargner comme soucis.

A ce propos, MASCC (multinational association of suportive care incancer) et IS00 (international society of oral oncology) ont publié dans leurs lignes guides et recommandations de bonne pratique que la prévention buccodentaire des nécroses médicamenteuses est de l’ordre de l’évidence.

Notre objectif à tous est de mener à bien le combat contre le cancer avec le moins de complications possibles et assurer une meilleure qualité de vie des patients. Ensemble, nous vaincrons le cancer et diminuerons les effets secondaires des traitements.

Ne l’oubliez pas : « mieux vaut prévenir que guérir »

 

 

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