Une Uro… news avec l’histoire de l’urologie en Tunisie

L’urologie dans l’antiquité était l’affaire des chirurgiens-barbiers. Ils tentaient de soulager les patients atteints de gravelle, des concrétions calculeuses très douloureuses qui bloquaient soit l’uretère, soit la vessie. L’infection urinaire accompagnait souvent la formation des calculs, dont l’élimination parfois difficile pouvait se transformer en septicémie, voire en insuffisance rénale terminale. La chirurgie de la pierre était grevée d’un taux de complication, voire de mortalité, particulièrement élevé. Au 5e siècle, le serment d’Hippocrate, inclut une phrase qui fait une première référence à l’urologie. « Je ne pratiquerai certes pas la taille sur les hommes souffrant de la pierre, je laisserai cette opération aux spécialistes. ». Ce serment reste emblématique pour l’entrée dans la profession de médecin. L’amélioration des connaissances en anatomie et en physiologie, et surtout l’avènement de l’anesthésie et des mesures antiseptiques à la fin du 19e siècle, ont permis à la spécialité de prendre son essor. Ce n’est qu’au début du 20e siècle que l’urologie est devenue une spécialité distincte de la chirurgie.
L’essor fantastique de la technique au cours du 20e siècle a favorisé l’émergence de l’instrumentation visant à extraire la prostate par voie endoscopique. Ce siècle a également été marqué par le développement des techniques d’imagerie par ultrasons et par la miniaturisation des endoscopes. Cela a permis à l’urologie d’effectuer un travail pionnier dans le domaine de la chirurgie minimale invasive.
le Dr Lamine Smida l’un des fondateurs de l’urologie en Tunisie, représente une mémoire dans le domaine. Son deuxième ouvrage (après celui de « Bab Lakouas, de Berlin à Tunis), intitulé De l’histoire de l’urologie en Tunisie 1889-2023, en est une preuve vivante. La reconnaissance de l’urologie comme étant une spécialité chirurgicale indépendante, et son évolution ont fait en effet un travail colossal de mémoire. « La courbe d’ascension fulgurante des Urologues tunisiens surtout à partir des années 80, traduit l’engouement des jeunes pour cette spécialité médico-chirurgicale. Le nombre sans cesse croissant des candidats attirés par la spécialité, associé à la multiplication de nouveaux centres urologiques dont le premier a été à l’hôpital Charles Nicolle, puis à Sfax, Sousse, Monastir et Karouan, avait le mérite de couvrir le pays en médecins urologues et de hisser cette spécialité au niveau des standards internationaux ».
Carthage, berceau de l’urologie
Dans son ouvrage le Dr Lamine Smida remonde à Carthage quand Théodore Priscien qui fut disciple de Vindicianus était médecin du 4e siècle avant JC. Célèbre dans le monde entier, il était l’ami d’Augustin (futur St Augustin) lequel décrivait ainsi Téhéodore Priscien « Il y avait à Carthage un homme de grand esprit, très savant et très célèbre en médecine. Dans son ouvrage intitulé Euporista, le Carthaginois Théodurus Priscanus s’était intéressé aux maladies génito-urinaire, qu’il avait non seulement décrites, mais aussi en bon médecin, prescrit leur mode de traitement. Dans le chapitre dédié aux affections des organes génitaux externes. Il avait décrit avec minutie l’aspect de l’œdème inflammatoire ainsi que les lésions infectieuses du pénis. Plus loin, il avait fait une description détaillée d’une maladie contagieuse et douloureuse, sexuellement transmissible, la Gonorrhoe. Cette maladie se différencie de la Satyriasis d’évolution chronique et du Priapisme marqué par l’érection du pénis. Après chaque description des Orchites, il avait conseillé un traitement à base de pansements imbibés de substance aromatiques. Pour les maladies réno-vésicales et leur cortège algique, infectieux et hémorragique, Pristanus recommande toutes sortes de trainements, local à base de plantes et ingrédients divers et différentes cures diurétiques à consommer en dehors des périodes de coliques hyperalgiques. En plus certains pansements locaux à appliquer sur les zones douloureuses seraient bénéfiques.
L’ ouvrage De l’histoire de l’urologie en Tunisie, du Dr Lamine Smida, représente une véritable niche d’informations sur l’urologie dans le monde et en Tunisie. Le livre représente aussi un véritable annuaire depuis la création de la Société tunisienne d’urologie à la création de la Société tunisienne de recherche sur la sexualité et l’impotence, à la naissance en Tunisie de l’Association arabe d’urologie jusqu’aux urologues inscrits au CNOM, à la liste des urologues et mode d’exercice et ce, jusqu’au graphique urologique régional.
La démographie actuelle des médecins urologues et l’intérêt que suscite cette spécialité aujourd’hui chez les jeunes, a incité encore plus l’auteur à évoquer cette origine et cette évolution de l’urologie en Tunisie. Sa reconnaissance comme spécialité chirurgicale indépendante ont fait l’objet d’un colossal travail de mémoire réalisé par le Dr Lamine Smida. Un ouvrage précieux qui représente entre autres un annuaire avec en annexe la liste des urologues inscrits au CNOM et également des références bibliographiques urologiques en Tunisie de 1898 à 2023.
Pour en savoir plus, un débat en compagnie de l’auteur et une séance de dédicaces sera ouverte le 11 avril 2025 à la librairie El Kitab à Mutuelleville.
Nadia Ayadi
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