Khaled Ben Youssef, l’homme qui a fait chanter sa retraite

 

Dans le silence feutré de Beit El Hikma, face à la mer qui murmure ses éternelles confidences, Khaled Ben Youssef a longtemps vécu entouré de mots, de livres et de sagesse. Cette demeure du savoir, posée entre ciel et mer, fut le théâtre discret de sa vie professionnelle, mais aussi le berceau secret d’une autre passion, tapie dans l’ombre : la musique.

 

Car en lui, depuis toujours, une mélodie sommeillait. Un chant tunisien ou oriental, fait de nostalgie et de lumière. Il l’écoutait au fond de lui, sans jamais vraiment oser lui donner toute sa place.

Puis vint la retraite — non pas comme une fin, mais comme un lever de rideau. Enfin, l’homme du silence fit jaillir sa voix.

Et quelle voix ! Une voix sincère, habitée, à la fois tendre et puissante, qui parle au cœur plus qu’à l’oreille. Très vite, les clubs de chant l’ont adopté, reconnaissant en lui un passionné authentique, un amoureux de la belle mélodie, un homme qui respire musique.

Un jour, Khaled décida de réaliser son rêve le plus fou : monter son propre concert, seul, avec ses modestes moyens, par pur amour du chant. Ce fut un défi, un pari contre le temps — et une victoire éclatante.

Le public, ému, découvrit un artiste à la fois humble et vibrant, fidèle à l’essence de la chanson tunisienne et orientale.

Et puis, il y eut le Théâtre municipal de Tunis, cette scène mythique où tant de légendes ont chanté. Ce soir-là, lors du spectacle Balaghiat 3 organisé par l’Association  Azzamanou El Jamil, dirigé par le maestro Mounir Zorgani, la salle était comble.

Khaled ne chanta pas dans la chorale : il eut droit à son solo, un instant suspendu où sa voix s’éleva, libre et lumineuse, comme une promesse tenue pour chanter et s’envoler dans « Tayer Ya Hawa » de Mohamed Rochdi.

Aujourd’hui, son étoile continue de monter, doucement mais sûrement. Car Khaled Ben Youssef nous rappelle qu’il n’y a pas d’âge pour renaître à soi-même.


Et qu’au bord de la mer, là où résonnent encore les échos de Beit El Hikma, la musique a trouvé son poète.

Nadia Ayadi

 

 

 

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