Berbérités : le souffle originel de Pierre Gassin

Après avoir créé et dirigé durant vingt-deux années le Centre de formation professionnelle et la galerie d’art Iris à Paris, Pierre Gassin a choisi de renouer avec la lumière du Sud. Méditerranéen de cœur et d’esprit, il s’établit en Tunisie, pays qu’il aime pour sa douceur de vivre, sa profondeur culturelle et ses visages pluriels.
De Djerba à Tunis, en passant par Sfax, la Tunisie est devenue pour lui un terrain d’inspiration et d’action. À Sfax surtout, il a laissé une empreinte durable : celle du Palais de la Photographie, créé dans le cadre de Sfax, capitale de la culture arabe. Ce lieu de rencontres et de créations a accueilli de jeunes talents sfaxiens qu’il a accompagnés dans de grandes expositions : Architectures de Sfax au Fondouk Haddadine, Sfax d’hier et d’aujourd’hui et Gafsa d’hier et d’aujourd’hui à la Maison de France.
Son regard de photographe et d’humaniste s’est ensuite ouvert sur le monde. Il a invité des artistes internationaux à dialoguer autour d’expositions d’envergure : Demain au Palais de la Photographie, ou encore Vestiges et Traces à la Cathédrale de Sfax. Puis vint sa première exposition personnelle tunisienne, poétiquement intitulée Embarquement Sfax, véritable carnet de voyage visuel entre mer et mémoire.
Mais Pierre Gassin ne se limite pas à l’image. Amoureux de la cuisine et véritable cordon bleu, il fonde les Éditions 55 à Kerkennah, un espace d’édition où se rencontrent terroir, art et humanité. Sous son impulsion sont nés des ouvrages de référence comme Tunisiennes et Saveurs des Terroirs (en collaboration avec la GIZ et le Ministère de l’Agriculture), Infiniment Khroumirie – La Cigale, ou encore Felouques, un somptueux recueil mêlant les poèmes d’Ahlem Ghayaza et ses propres photographies (Éditions 55 et Orients Éditions, avec le concours de l’Institut Français de Tunisie). Son travail photographique illustre aussi Dar & Borj, un livre piloté par Aïda Zahaf (312 pages, Med Ali Éditions), véritable hommage au patrimoine architectural de l’ancien Sfax.
En 2023, il ouvre à Kerkennah la Galerie Gassin, premier espace dédié à la culture et à l’écologie, où art, mémoire et environnement se rencontrent dans une harmonie méditerranéenne. En décembre, il collabore avec Christian Sorand à un projet éditorial, poursuivant ainsi sa mission de passeur entre les arts, les cultures et les hommes. Aujourd’hui, Pierre Gassin consacre son énergie à deux nouveaux axes : la culture berbère et l’anthropologie tunisienne, thèmes qu’il explore à travers le regard, la photographie et la recherche.
Ses dernières expositions, regroupées sous le titre Berbérités, prolongent cette quête d’identité et de lumière. À l’occasion du Festival des Littératures du Sud – KOTOUF, les 16 et 17 octobre, en partenariat avec l’Alliance Française de Djerba, il présentera Berbérités Djerba, une exposition photographique visible du 17 octobre au 16 novembre 2025.
Ainsi, Pierre Gassin poursuit son voyage, fidèle à son intuition de toujours : faire dialoguer les cultures, les couleurs et les mémoires autour de la Méditerranée. Entre photographie, édition et engagement culturel, il tisse, image après image, le grand récit d’un homme libre qui a choisi la Tunisie comme horizon.
Nadia Ayadi