Hend Chaouch, entre sable et souffle du vent : l’éternelle pionnière

Première pilote féminine, arabe, africaine et tunisienne à s’élancer sur les pistes des rallyes nationaux et internationaux, elle reste, encore aujourd’hui, une figure de courage, de persévérance et de passion absolue. Son moteur n’est pas seulement mécanique : il est fait de détermination et d’amour pour ce désert qu’elle apprivoise depuis trois décennies.
Le sable dans les veines
À peine rentrée du Rallye de Tunisie Challenge, Hend secoue encore sur ses vêtements la poussière du désert, comme un signe de victoire et de fidélité à ses rêves.
Cette 5ᵉ édition du grand rendez-vous humain, mécanique et sportif a réuni 95 participants venus de 17 pays — et, parmi eux, la pionnière tunisienne n’a pas manqué d’ajouter une nouvelle ligne à son incroyable palmarès.
Mais cette victoire n’a rien eu d’un long fleuve tranquille. À la veille du départ, le destin a testé sa ténacité. Son copilote habituel, Slim Mezri, engagé sur un autre projet aux mêmes dates, a dû renoncer au dernier moment. Panique, stress, incertitude… Hend se retrouvait seule, à quelques heures du départ, face à une montagne d’imprévus à résoudre : licence, formalités fédérales, préparation de la voiture, sponsors, tenues, habillage du véhicule… tout devait être repensé, et vite. « Je me suis retrouvée la veille d’un rallye sans copilote. Il fallait en trouver un, lui faire sa licence, lui demander un congé auprès de son employeur… le stress était indescriptible », confie-t-elle.
Une femme, un volant, et une volonté d’acier
Finalement, Outail Ateb rejoint l’aventure, et l’équipage tunisien prend le départ. Étape après étape, malgré quelques pénalités liées à un règlement différent de ceux auxquels elle était habituée, Hend tient bon.
Car Hend Chaouch ne sait pas renoncer. Depuis 29 ans de rallyes, elle s’est forgé une réputation de battante, de pionnière, d’âme libre refusant les limites. Et l’an prochain, elle fêtera 30 ans de passion, de vitesse et de sable — trois décennies d’un engagement sans faille pour faire rayonner la femme tunisienne sur les pistes du monde.
Une arrivée chargée d’émotion
À l’arrivée, l’émotion est palpable. Hend et son copilote montent sur le podium, médailles de finisher autour du cou, trophée du rallye en main — un chameau, mascotte symbolique de cette aventure.
Le président de la Fédération tunisienne leur décerne également deux coupes honorant leur belle performance et leur esprit d’équipe. Mais au-delà des coupes et des médailles, c’est le regard lumineux de Hend qui en dit le plus long : celui d’une femme qui ne cesse de se réinventer et d’inspirer.
Entre joie et amertume
Si la joie de ce nouveau succès est immense, l’amertume n’est jamais loin. Les difficultés financières continuent de freiner les ambitions d’une sportive de haut niveau dans un domaine exigeant et coûteux.
« Les problèmes financiers restent notre principal frein pour de meilleures participations et de meilleures performances… », regrette Hend, sans jamais céder au découragement.
Elle conclut avec une sincère gratitude « Merci à tous ceux qui ont cru en moi et qui m’ont soutenue — mes sponsors, ma famille, mes amis… et bien sûr, merci à Outail Ateb, mon copilote, qui m’a aidée à arriver à bon port. »
Une légende toujours en marche
Trente ans après avoir pris le volant pour la première fois, Hend Chaouch demeure un symbole d’audace féminine et tunisienne, une étoile du désert qui ne cesse d’écrire son histoire au fil du vent et des dunes. Son moteur, c’est la passion. Son carburant, c’est la foi en ses rêves. Et sur les pistes infinies du Sahara, Hend continue d’ouvrir la voie.
N.A