“Munadhara” Un face-à-face de jeunes arabes sur des débats idéologiques

“Mounadhara” est une émission en faveur de l’expression des jeunes à travers la région arabe. Elle est retransmise en direct par les plateformes de diffusion directe en Syrie, Istanbul, Maroc, en Egypte et en Tunisie. Ces débats télévisés reposent sur deux principes à savoir, le vote initial du public pour ou contre la motion avant le débat et un vote final à la fin du débat. Les variations dans les résultats des votes montrent laquelle des deux équipes a été la plus convaincante.
La participation de jeunes vainqueurs d’une compétition en ligne viendront épauler les protagonistes confirmés de la sphère politique ou universitaire.
C’est dans les studios de la « First TV », qu’eut lieu le 30 sept à 15h puis à 20h30, les deux débats télévisé organisés autour des deux motions suivantes :
La gauche peut-elle représenter l’alternative politique ?
Les partis islamistes doivent-ils être bannis ?
Aussi bien dans le premier débat que dans le second, la variation des votes a été à chaque fois favorable à l’équipe opposée à la motion. Autrement dit, c’est la paire du Dr. Soufiane Djilali, Président du Parti algérien « Génération Nouvelle », accompagné de la jeune tunisienne Tasnim Idriss qui a pris le dessus sur celle conduite par M. Jilani Hammami député à l’ARP, élu sous les couleurs du Front Populaire, accompagné de la jeune jordanienne Abir Douraidi.
Et c’est par ailleurs la paire conduite par le député tunisien Abdellatif Mekki, épaulé par la jeune Yéménite Ghada Boukhaïti qui est sortie victorieuse du duel qui l’opposait à M. Wahid Abdel-Maguid, ancien député égyptien et vice-président du Parti Al-Wafd, épaulé par le jeune libyen Hatem Ellafi.
Contre la motion « La gauche est l’alternative », les votes sont passés de 73% des votants en début d’émission à 79% à la fin. Et contre la motion « les partis islamistes doivent être bannis », les votes sont passés de 56% à 61%.
Défendant la première motion, M. Jilani Hammami a souligné que l’ère de la modernité qui a été marquée par l’émergence de nouvelles technologies n’a pas été en mesure de cacher le visage hideux de l’humanité à cause des guerres et des tragédies. Un système qui n’a pas pu représenter une véritable alternative aux forces de gauche. Ainsi, il n’a pas permis aux forces sociales d’engendrer des partis de gauche importants puisque l’interventionnisme des puissances étrangères est une donnée permanente.
Pour sa part, Dr. Soufiane Djilali a affirmé que la gauche a toujours été un symbole de justice sociale dans l’imaginaire du public, alors qu’elle serait dans l’analyse marxiste l’expression de l’autorité d’une classe qui détient les moyens de production et ne peut pas garantir par la suite une redistribution équitable des ressources et de la richesse nationale. Par conséquent, une conduite inévitable vers un Etat centralisé et dominant, ajoutant que bien évidemment, il ne partageait pas cette analyse classique.
S’agissant du second débat : ‘’Les partis islamistes doivent être bannis », le vote initial a révélé une assez large opposition de l’auditoire. L’équipe favorable à cette motion s’est appuyée sur l’idée que de tels partis sont des partis d’exclusion et que la démocratie n’y est pas garantie. Souvent populistes, ils seraient selon eux juste un outil pour gagner la sympathie du public. Certains d’entre eux iraient même jusqu’à ne pas reconnaitre les constitutions civiles, leur préférant l’application des lois divines.
L’équipe opposée à cette motion a mis en avant le fait que l’interdiction des partis islamiques est une atteinte au pluralisme des idées et à la liberté d’opinion et d’expression. Elle n’aboutirait selon eux qu’à la répression, semant ainsi les graines de la colère et de la division qui alimentent les tendances extrémistes.
Très bonne initiative de « Munathara » qui est, par essence, un face-à-face de jeunes arabes. Ce sont eux qui tiennent le haut du pavé à toutes les étapes. Cependant, des personnes plus aguerries occupent une large place dans le « duel » final. Des débats ouverts similaires, constituant des plateformes d’échange suivant le même format, seront organisés au cours des prochains mois, associant de jeunes arabes, des femmes, ainsi que les groupes marginalisés.
S. Rebei
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