Maharès : Imène Zouaoui Souissi, la kiné si aimée
Les kinésithérapeutes sont des professionnels de la santé qui aident à améliorer la mobilité, restaurer les fonctions, et à soulager la douleur des patients souffrant de maux qui limitent leurs mouvements.
Certains se questionnent sans doute sur le quotidien d’une kinésithérapeute, de connaître son ressenti devant ses malades. J’ai été personnellement touché par la passion d’Imane Zouaoui Souissi, une douce et jeune kinésithérapeute exerçant à Maharès, un beau village artistique au bord de la mer. Elle exerce son métier au sein d’un cabinet qui regroupe un centre riche de diverses autres disciplines. Même si Imène n’avait pas choisi d’être kinésithérapeute en se trouvant par hasard dans cette filière après son baccalauréat, elle affirme aujourd’hui que le hasard fait souvent si bien les choses. Aujourd’hui notre Kiné ne se voit pas vraiment exercer un autre métier. Elle a fini par trouver définitivement sa voie en adoptant son métier dont l’objectif est de soulager les autres.
Il est 20h30. Imène vient à peine de terminer sa journée avec sa dernière patiente qui souffre d’une double fracture du poignet. Depuis 7 heure 30 ce matin, elle n’a cessé d’enchaîner les rendez-vous dans le cabinet qui ne connait pas de crise. « Je n’étais pas encore diplômée que j’avais déjà des propositions d’embauche dans des centres de rééducation ». Aujourd’hui Imène jouit à la fois d’une totale liberté en étant maître de son planning tout en devant être disponible et à l’écoute des malades et de leurs douleurs. Imène est une jeune femme, tellement proche de ses patients et toujours à jour avec les connaissances requises pour diagnostiquer et traiter un patient. « Non seulement il faut être capable de trouver des solutions aux maux, mais aussi être capable de suivre les évolutions de la médecine et de les adapter à ma pratique quotidienne… », affirme Imène avec un sourire porcelaine. Notre Kiné sait aussi si bien se faire comprendre devant les malades qui viennent la voir ou chez qui elle se déplace. « Je dois communiquer avec mes patients de manière à ce qu’ils comprennent ce qui se passe. L’adaptation au patient qui est pris en charge est importante pour développer un climat propice à la communication et à l’apaisement. »
Focaliser sur le positif en réorientant le négatif
J’ai vu Imène travailler dans son cabinet et j’ai été impressionnée par la patience qu’elle dégage devant tous les patients. A la question de savoir d’où elle puise cette incroyable patience, elle affirme sans hésiter que « tous les patients ne sont pas semblables. Certains sont coopératifs, d’autres pas. Certains peuvent avoir plus de difficultés à suivre les instructions et d’autres sont plus faciles à suivre ». Imene sait ce qu’elle peut et ne peut pas faire, sur quoi elle peut obtenir des résultats ou pas. « Je voudrais surtout être claire sur ce qui va être proposé au patient, les résultats attendus et sur ce qui nécessite un suivi sur du plus long terme, est important. » Imène est dotée d’une attitude continuellement positive. Elle sait comment focaliser sur le positif en réorientant le négatif afin que le patient se concentre sur son planning de soins.
Les patients du village fréquentent de plus en plus notre Kiné. Ils s’attachent fortement à elle qui se soucie sincèrement d’eux. Son écoute permet d’établir cette sorte de relation propice au suivi des conseils en-dehors même de son cabinet. Ses patients deviennent sa deuxième famille.
Les ventouses, une technique ancestrale améliorée.
Son soutien et sa compassion sont importants pour les patients qui se sentent vulnérables, parfois gênés durant leur traitement. Iméne Zouaoui Souissi est sans doute la seule dans le village à utiliser également la thérapie par les ventouses. Une technique ancestrale améliorée. Hippocrate s’en servait déjà 400 ans avant J.-C. Cette technique a été réactualisée sous le nom de médecine des ventouses. Mais comment ça marche ? Imène nous explique qu’en provoquant par aspiration « un afflux sanguin massif, la ventouse entraîne une décompression au niveau de la zone où elle est posée.
Une meilleure circulation et décongestion se font sentir. Selon sa localisation, elle va aussi stimuler des points d’acupuncture, et, couplée à une huile ou une crème, en accroître la pénétration. Imène utilise trois méthodes : à chaud, à froid ou scarifiée.
« La ventouse à chaud, est une méthode ancestrale plus efficace. Elle consiste à faire le vide d’air à l’aide d’une flamme avant la pose du petit pot de verre. La ventouse à froid est le vide d’air qui se fait avec un système de pompe et enfin la ventouse scarifiée qui est pratiquée avec une légère griffure de la peau avant de poser la ventouse à chaud ou à froid. Cette méthode est particulièrement indiquée sur les douleurs articulaires aigües et les migraines. »
J’ai vu une jeune mariée sur une chaise roulante, remarcher
Aujourd’hui, après quelques années d’expérience, elle est de plus en plus passionnée par son métier, principalement grâce aux relations humaines qu’elle a avec ses patients tout âge confondu de la population allant des bébés aux personnes âgées en passant par les femmes enceintes. Son meilleur souvenir, elle en parle les larmes aux yeux. « J’avais reçu une jeune femme qui avait à peine 20 ans, fraichement mariée et au cinquième mois de sa grossesse. Elle était venue sur une chaise roulante. Elle avait une jambe et un bras paralysés. Ses paroles étaient incompréhensibles devant un époux perdu. Elle venait me voir un jour sur deux. Son bras paralysé commençait enfin à s’améliorer de jour en jour, ses paroles devenaient de plus en plus claires et sa jambe aussi commençait à retrouver sa mobilité. Un matin, elle était venue un peu plus souriante. Après avoir terminé mon massage habituel, j’avais pu la mettre debout en lui demandant de marcher. Elle avait réussi à faire quelques pas. Le lendemain, je lui avais dit de se mettre debout toute seule en lui disant « vas-y marche » ! Et elle a marché un peu plus longtemps et même en se croisant et se décroisant les bras. Je ne pouvais plus retenir mon émotion et de chaudes larmes avaient envahies mon visage. Je pensais au bébé qui allait naître ainsi qu’à son papa… Tout est bien qui finit bien…Dieu merci ! Voilà pour moi la signification du bonheur suprême ! On ne s’ennuie pas dans ce métier même si c’est un métier fatigant et physique. » A la question de savoir quelles sont vraiment les compétences à avoir pour pouvoir exercer ce beau métier. Imène affirme qu’il faut avant tout aimer la relation humaine « être empathique et patient. La confiance doit s’installer avec le malade. C’est aussi un métier qui demande de se remettre en question continuellement. Il faut se former aux nouvelles techniques et être surtout en bonne condition physique. Il faut aimer ce que l’on fait et avoir une bonne résistance à la fatigue. C’est un métier difficile mais très gratifiant qu’il faut faire par passion.
La spécificité d’Imène est d’essayer de transmettre à son patient qu’il est capable de faire des miracles.
Nadia Ayadi
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