«L’odeur d’un homme », un roman exaltant de Fatma Bouvet De La Maison Neuve
L’odeur d’un homme est un livre « olfactif » au parfum bien tunisien ! Ce livre je l’ai vu passer, passer, passer et je me suis dit quand même il faudrait qu’il s’arrête un peu chez moi et je l’ai eu chez moi !
Une plongée magistrale au cœur de la Tunisie post-révolution. Un roman au style riche, précis et varié écrit par une célèbre psychiatre, Fatma Bouvet De La Maisonneuve. Elle est également addictologue et a publié de nombreux essais scientifiques. Elle travaille notamment sur les troubles psychiques des femmes. « L’odeur d’un homme » est son second roman après « L’île aux mères ».
Dans ce roman, les descriptions y sont de véritables tableaux qui plantent le décor d’une réelle description sociale enveloppée d’un sentimental étrange. Les réflexions évoluent dans un équilibre, on a envie de dire parfait. L’auteure confie qu’elle voulait « raconter une certaine Tunisie à un certain moment de son histoire sans être dans le « misérabilisme » habituellement retrouvé dans les romans au sujet du Sud, car m’a-t-on dit, ce misérabilismes est vendeur… ».
La couverture du livre est parée d’une magnifique mosaïque où l’auteure affirme que « cette mosaïque n’est pas n’importe quelle mosaïque. C’est la plus vieille représentation de la Vénus marine couronnée de feuilles de myrte qui se trouve aujourd’hui à Bulla Regia (Tunisie). C’est de là que l’histoire des protagonistes nait… », avec une histoire à plusieurs niveaux de lecture « J’ai tenté un roman à plusieurs niveaux de lectures qui nous met face à nos contradictions de Tunisiens post révolutionnaires, d’humains face au progrès et aux contraintes des conventions. C’est un roman olfactif qui mêle politique, amour, archéologie et fresque sociale sur cette terre de Tunisie, parfumée, patiente et muette… » ajoute Fatma Bouvet De la Maison Neuve.
Le message se reçoit bien car profondément engagé avec subtilité et intelligence enracinées dans la description des faits. L’auteure ne juge pas la situation mais vous force à le faire, simplement en vous mettant le nez dedans.
Pendant ma lecture, je vivais une histoire vraie. « On se souvient du soulèvement tunisien de 2011, premier du genre au Maghreb (…. ) et des félicitation internationales « Je félicite le peuple tunisien pour son courage et sa dignité. Les États-Unis sont témoins de ce combat courageux et déterminé pour les droits universels que nous devons défendre tous, et nous garderons en mémoire les images du peuple tunisien cherchant à se faire entendre. »
« La déclaration de Barack Obama qui défile sur le bandeau rouge en bas de l’écran géant du salon suscite des applaudissements, des hurlements de joie et des youyous. Le maître du monde vient de donner sa bénédiction à ce qui secoue la Tunisie aujourd’hui (…) ».
Une lecture qui frappe dans une extrême justesse du regard porté sur une Tunisie autrement.
Je n’ai pu me résoudre à lâcher ma lecture tant que je n’avais pas fini le récit. Il est attachant entre autres par ses personnages même si « les histoires d’amour finissent mal, en général, les révolutions aussi ». En 2011, l’espoir était là. Il allait rapprocher Youssef et Inès, que tout séparait depuis l’enfance commune.
Fatma Bouvet de la Maisonneuve plonge au cœur de la société tunisienne, « dans un de ces rares moments où s’épousent l’histoire des gens et le destin d’un pays, sous l’œil amusé de la Vénus de Bulla Regia, témoin d’une grandeur ancienne et regrettée.
La révolution est passée, avec son cortège de héros, de timides… et d’opportunistes… « Et puis les déceptions nées de la victoires des islamistes d’Ennahdha… Douze ans après, la colère couve toujours…. »
Restent des odeurs, celles d’un homme, d’une terre, de tout un pays. Un rythme intense dans ce roman qui se lit d’un trait. Je n’en dévoilerai pas plus. Allez découvrir ce roman qui, jusqu’à la dernière phrase, vous étonnera et vous laissera un goût sucré amer. « De l’archéologie à la révolution en passant par l’amour et la fresque sociale ». Une écriture qui fait preuve d’une créativité étonnante. Chaque lecteur la lira à sa façon.
Une bonne nouvelle cependant, une séance de signatures est prévue bientôt à Tunis.
Nadia Ayadi
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