Les Journées d’Art Contemporain de Carthage, un chemin vers le sublime
En seulement trois ans, les Journées d’Art Contemporain de Carthage sont devenues un rendez-vous incontournable tant pour les artistes plasticiens que pour les amateurs d’art. Un événement à la hauteur des attentes qui a pour emblème, « l’Art, un chemin », comme il a été souligné lors d’une rencontre avec la presse locale et étrangère en présence des membres du Comité d’organisation avec à leur tête, Samira Turki Torjmen, présidente de cette nouvelle édition 2023.
Une session dont le coup d’envoi a été prévu le 26 mai à partir de 19H00 à la Cité de la Culture. Cette édition verra la participation de plus de 150 artistes tunisiens et 52 autres étrangers venus de 23 pays, sans oublier les nombreux convives et représentants de divers médias.
Selon les organisateurs, il était convenu que deux pays, l’Argentine et la Palestine jouissent cette année du statut d’invités d’honneur, mais pour des raisons de logistique, seule la Palestine sera au rendez-vous. D’ailleurs, il lui sera réservé un pavillon à part avec la participation de nombreux talents malgré la difficile conjoncture que l’on connait.
La Palestine, invitée d’honneur
Quant au public amateur d’Art, il est aussi si en grand nombre. Il aura l’embarras du choix en déambulant dans neuf différentes de la Cité de la Culture et la Maison des Arts du Belvédère. On pourra par ailleurs visiter le Pavillon International regroupant 63 œuvres et celui National avec une cinquantaine d’œuvres, en plus de trois installations et une performance dans l’esplanade de la Cité.
Centenaire de l’Ecole de Tunis
Outre l’ouverture officielle sous le haut patronage de la ministre des Affaires Culturelles, Hayet Guetat Guermazi et la visite des différents pavillons, le programme de l’actuelle session des JACC comprend divers volets qui se dérouleront jusqu’au 30 mai 2023.
Le samedi 27 mai, se tiendra à 10H00 à la Cité de la Culture, le premier panel autour du thème « Gestion collective des Droits de suite » », (musée national d’art moderne et contemporain) ; le dimanche 28 mai le deuxième intitulé « Ecole de Tunis, parcours et impact », (à la Maison des Arts du Belvédère), et le lundi 29 mai le troisième panel « Le concept d’exclusivité dans l’art contemporain » (au Théâtre des jeunes créateurs, à la Cité de la Culture). Ces trois colloques seront chapeautés par l’artiste Amor Ghdamsi.
Un pavillon spécial sera consacré aux artistes de « L’Ecole de Tunis » qui aura lieu à la Maison des Arts du Belvédère. Une opportunité, rappellent les organisateurs, pour se remémorer cette période si importante du mouvement artistique tunisien qui vit le jour à l’aube de l’indépendance.
Fondée en 1949 par Pierre Boucherle, l’Ecole de Tunis dont les artistes étaient de tendances et de pratiques esthétiques et plastiques diverses, a contribué à la floraison d’un art qui se voulait authentiquement tunisien par la mise en valeur du patrimoine uniforme de la culture populaire traditionnelle de la Tunisie, s’éloignant ainsi des clichés coloniaux tels que ceux de l’orientalisme notamment. En fêtant l’Ecole de Tunis, le Comité directeur des JACC rendra ainsi hommage au dernier de cette prestigieuse Ecole, l’artiste plasticien, Hassen Soufy.
Hommage à Azzedine Alaya
Parmi les différents pavillons, celui réservé au Ministère des Affaires Culturelles, consacré à un hommage au grand disparu Azzedine Alaya, styliste et grand couturier franco-tunisien, ainsi qu’à d’autres artistes qui ont laissé leurs marques dans le mouvement artistique en Tunisie. Un Pavillon en plein air a été également aménagé pour la circonstance pour abriter après l’ouverture, un défilé de mode.
Quant à la cérémonie de clôture, clou de l’événement, elle aura lieu comme annoncé, mardi 30 mai à 18H00 à la Cité de la Culture avec un spectacle d’animation. Et cerise sur le gâteau, un Jury décernera des prix à un, deux ou trois artistes tunisiens. Idem pour les participants étrangers.
A noter également que ces JACC vont s’ouvrir sur d’autres régions du pays, en collaboration avec les Délégations culturelles régionales. Comme première destination, une centaine d’œuvres d’artistes tunisiens seront exposées à Bizerte puis transférées vers Monastir et à Djerba.
« Transhumance » de Zoubeida Chamari Daghfous
Chaque œuvre participante méritera certainement d’être découverte, notamment celle que présentera l’artiste Zoubeida Chamari Daghfous, intitulée « Transhumance ». Une œuvre en diptyque qui interpelle pour plusieurs raisons. Selon l’artiste, « Transhumance » (Technique mixte sur toile) est influencée par l’exode fréquent des populations fuyant les désastres de la guerre, les famines, les drames ou les calamités naturelles à la recherche de meilleures conditions de vie. En effet, ces tristes événements d’actualité mondiale, (Palestine, Ukraine, Syrie, Soudan …), sont une source d’inspiration pour les artistes. Sur la toile, les personnages en sidération semblent avoir perdu toute humanité, leurs faciès traduisent peines et souffrances d’où le titre « Transhumance ». Quant au choix de la présentation en diptyque, il n’est pas anodin, explique Zoubeida Chamari Daghfous. Les déplacements entraînent nécessairement l’éclatement de cellules familiales d’où cette coupure de l’œuvre en deux parties distinctes. « Transhumance » est une toile qui pourrait sans doute choquer ou déranger, mais n’est-ce pas le véritable rôle de l’artiste de remettre en question, de remuer les âmes et les consciences sans négliger la fonction artistique essentielle de fasciner, de provoquer des passions chez le public, se demande l’artiste ! A découvrir et redécouvrir…
Sayda Ben Zineb
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