« On ne peut proposer à une traumatisée de viols répétés et collectifs d’épouser un de ses violeurs »
L’émission télévisée de la chaine privée « Ettounsia » qui a suscité polémiques et colères sur une question de viol subi par la victime, a été normalisée et même banalisée. L’animateur n’avait même pas placé le viol au niveau d’un crime. Même si ce dernier pour se justifier s’est basé sur la loi qui prévoit l’arrêt de poursuites en cas de mariage, il a appuyée « cette loi très critiquée » en culpabilisant encore plus la victime.
Son conseil et sa solution se sont arrêtés tout simplement pour un mariage avec le violeur. Les observateurs avisés ont pu détecter des dépassements d’ordre moral très lourds face à un animateur exprimant un avis personnel d’une grande partialité. Monia Sanekli Dr en Philosophie et active dans la société civile pour les droits des femmes s’exprime sur la question.
Que pensez-vous de la polémique évoquée par une émission et son animateur sur la question du viol ?
La polémique est justifiée et justifiable. Un harcèlement visible vis à vis de la victime. Un abus de confiance et surtout d’une cruauté d’un cynisme sans égal. Un vrai show de Buzz sans le minimum d’éthique professionnelle. L’émission regorgeait de messages myosines, rétrogrades et surtout d’une atteinte à la dignité de tout homme et de toute femme qui se respecte dans une Tunisie qui tend vers la paix, le progrès et la dignité de tout citoyen. Il s’agissait plutôt d’ un procès de la femme et non du viol , par son harcèlement expressif et choquant. C’est la femme que l’animateur jugeait en la personne de la jeune victime “ avoues que tu es fautive avoues que tu es fautive” hurlait-il . Fidèle à la pathologie du non dit “ c’est toujours la faute aux femmes “ et “ toutes les femmes sont des putes de toute façon”, réussissant ainsi à renverser les rôles, pervertir les fautes et surtout travestir la culpabilité de sorte que la victime devienne le bourreau discrédite , impuni , invisible et même gratifié par un mariage possible et non sujet à une justice criminelle .
La victime du viol peut –elle provoquer un viol et à répétition ?
Supposer cela, c’est supposer que le violeur est un individu sain , or toutes les perversions sexuelles y compris le viol font partie d’un dysfonctionnement pulsionnel interne et physiologique propre au violeur. La cause du viol est dans le violeur et non dans la victime. Comme tout crime et comme toute perversion le viol est une pulsion incontrôlable et injustifiable , elle vit dans la biologie du violeur et n’a pas besoin de provocation extérieure. Il s’agit d’une pulsion prédatrice qui se déclenche par elle-même peu importe le temps , l’espace , le vis à vis et la proie. Cela être un homme une femme ,un enfant ou même un bébé . Supposer qu’il y a un facteur extérieur qui provoque le crime ou le viol , c’est se chercher un alibi. Si c’était possible ou pensable tous les hommes seraient violeurs. Le viol est un meurtre dû à une perversion psychique , un crime pénal et une monstruosité morale qui ne se résout que par la justice ou la castration comme dans certains pays.
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