Quand le tourisme rimait avec militantisme pour Mongi Baklouti

Au milieu des années 60, lorsque le tourisme a commencé à apparaître comme une option économique susceptible de soutenir le pays dans ses efforts de développement, certains cadres, directement ou indirectement actifs dans le secteur se sont demandé, ouvertement ou en leur for intérieur, s’il était encore concevable qu’il puisse y avoir des opérateurs, associatifs ou autre, qui l’approcheraient sous un jour militant, sans souci de profit immédiat ou à court-terme.

Une option majeure, pour un pays en construction, pour lequel les devises étrangères sont vitales.  Quel défi !

Pour le relever, il fallait des hommes et des femmes qui ne manquaient pas d’ambitions, non pas pour eux-mêmes mais pour leur pays.

Il fallait surtout posséder des capacités de planification et des arguments pour convaincre les plus sceptiques parmi les politiciens et les investisseurs, que l’option pouvait être viable, si non à court terme, du moins à moyen et long termes.
Pour la plupart des hommes et des femmes qui se sont trouvés aux commandes, ils avaient fait leurs premières armes dans le mouvement scout. Leur engagement militant ne faisait aucun doute. Mais, pourquoi le cacher, leurs chances de transformer l’essai étaient minimes ?

Le ministre de l’Economie de l’époque, Ahmed Ben Salah, leur avait donné un défi supplémentaire : le tourisme-jeunesse devait de confirmer le potentiel d’un secteur plus vaste, à savoir le tourisme tout court.

Sur ce terrain original et que l’on disait prometteur, on ne parlait pas d’hôtels ou de palaces, mais de camps, de villages de vacances, de bungalows et de conditions de logement très simples, pour ne pas dire rudimentaires.

Pour faire fonctionner le tout, il ne fallait pas être gestionnaire mais militant. Pour l’ensemble des observateurs et opérateurs économique, leur responsabilité était celle des pionniers, ces révélateurs susceptibles de montrer la voie à l’investissement privé. L’Etat se devait de montrer le chemin, de donner l’exemple.

Mongi Baklouti était l’un des acteurs-clés de cette épopée. Il se devait, alors qu’il était âgé d’à peine 25 ans, de montrer que le tourisme-jeune pouvait jouer un rôle de révélateur pour l’ensemble des observateurs et opérateurs économiques.

Les outils de sa démonstration n’étaient autres que les auberges de la jeunesse. Il avait su, sans doute avant tout le monde, que le tourisme à but non-lucratif, pouvait servir de levier et, pourquoi pas, de révélateur du tourisme commercial.

A côté de cela, Mongi Baklouti reconnaissait la place et le potentiel du tourisme en tant que secteur économique et commercial. Pour lui, l’Etat se devait de tracer les contours d’une vraie vision pour le secteur. Furent ainsi créées, la SHTT pour l’hôtellerie et Transtours pour le tourisme.

L’Etat ayant montré aux hommes d’affaire que l’investissement dans le tourisme et dans l’hôtellerie était certainement un pari gagnant, le chemin était balisé. Nous connaissons la suite.

Sil’Mongi Baklouti venait juste d’avoir 83 ans quand il s’est éteint un triste matin du 25 Février 2021. Mais d’esprit il était resté aussi jeune qu’à l’âge de 25 ans lorsqu’il s’était engagé dans la bataille de reconstruction du  pays à travers la promotion du tourisme jeune. À cette noble mission,  il avait dédié sa vie professionnelle qui avait  pour seule devise  « الصدق في القول والاخلاص في العمل  « La parole vraie et l’honnêteté dans le travail ».

Anouar Moalla

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