La TRANSTU frappe fort contre la violence faite aux femmes dans les transports  

« Le transport sûr est un droit ! » : c’est le slogan de la campagne de sensibilisation, lancée depuis le 16 novembre en Tunisie par la Transtu pour lutter contre la violence faite aux femmes dans les transports en commun. Une campagne qui rappelle qu’une femme sur quatre déclare y avoir été victime de violences. Pour en savoir plus sur ce phénomène, nous avons contacté Hayet Chamtouri, responsable de communication de la Transtu. Entretien.

Une femme sur quatre est harcelée ou agressée dans les transports en commun en Tunisie, selon différentes études et en particulier celle du CREDIF. Un chiffre qui vient confirmer des rapports précédents et prouve que le phénomène de faiblit pas. Une nouvelle conscience s’éveille chez la TRANSTU ? 

La Transtu est bel et bien consciente de l’existence du phénomène du harcèlement dans les transports en commun. Son traitement été géré selon la règlementation en vigueur relative à la lutte contre la violence d’une manière générale et ce, avant même la promulgation de la loi 58/2017. Déjà En 2017 la Transtu était partenaire du CREDIF dans la campagne de sensibilisation « L’harceleur ne monte pas avec nous ». Cette expérience s’est renouvelée au mois d’octobre dernier lors de la campagne lancée justement par le CREDIF pour lutter contre la cyberviolence à l’encontre des femmes et bien évidemment à la campagne « Le transport sûr est un droit » lancée récemment par la Transtu.

Comment expliquer le chiffre aussi élevé qu’une femme sur quatre est harcelée dans les transports en commun ?

Ce phénomène s’explique par la promiscuité qui caractérise les transports en commun notamment aux heures de pointe, ce qui exacerbe le sentiment d’impunité et le risque d’exposition des femmes aux violences de l’agresseur. Toutefois, même à des heures tardives des actes de violence sont enregistrés dans certains espaces ou modes de transport. Ceci confirme sans doute la fragilité de la femme dans l’espace public en général. Ce phénomène s’explique aussi par la banalisation de ces comportements insultants et dégradants à l’égard des femmes d’une part et par la non déclaration des femmes victimes pour traquer les agresseurs d’autre part.

Certains culpabilisent la femme, sa façon de s’habiller ou encore d’oser sortir le soir. Qu’en pensez-vous ?

Oui malheureusement, certains et certaines jugent le paraitre de la femme comme étant une explication au phénomène de la violence. Or, même les femmes âgées ou voilées se disent confrontées  également à des agressions de tout ordre.

Rien ne change en Tunisie. On a même l’impression que le phénomène s’aggrave…. Est-ce une idée reçue ?

Apparemment le phénomène reste grave. Le sentiment d’insécurité chez les femmes demeure certain, non seulement dans les différents transports mais aussi dans tous les espaces publics. Les comportements agressifs et les actes de violence que connait notre société dans les espaces scolaires, sanitaire, voie publique et même au sein de la famille dénotent effectivement d’une aggravation du phénomène.

Est-ce vrai que malgré tout, le phénomène est aggravé aux heures de pointe, on sait qu’elles sont propices aux frottements, aux gestes déplacés. Or, les transports, surtout en commun chez nous ne sont pas adaptés au nombre de personnes qui les utilisent. Le nombre de personnes dans les bus est massif, les gens sont toujours aussi serrés. Mais pour les femmes, c’est la double peine…Comment la TRANSTU peut y remédier ?

Aucune statistique ne prouve l’aggravation de ce phénomène aux heures de pointe. Les encombrements enregistrés aux heures de pointe ne sont pas spécifiques à la Tunisie, c’est le cas de tous les réseaux du transport du monde même dans les pays les plus développés.

Comment la Transtu peut-elle fluidifier la circulation ?

La Transtu essaie le plus possible d’alléger les peines causées par ces encombrements et ce, en adoptant un programme d’acquisition de 718 autobus pour 2022-2023.

Vous avancez plusieurs propositions. Sur les dépôts de plainte, notamment. Seulement très peu de femmes qui se disent harcelées entament une telle démarche de dénonciation ou de plainte… Quelle serait pour vous la solution pour pousser davantage les femmes à dénoncer leurs agresseurs ? Faudrait-il simplifier par exemple le dépôt de plaintes ?

C’est ce que la Transtu a tâché de faire depuis 2017, lors de  la première campagne sur le harcèlement sexuel. Cette sensibilisation a été organisée en collaboration avec le CREDIF suite à la promulgation de la loi 58/2017. Le dépôt de plaintes est possible actuellement  via les canaux suivants :

  • Directement auprès des personnels d’exploitation et de sûreté (imprimés et boites de réclamation dans les stations principales, de correspondance et de grandes affluences)
  • A distance : clientele@transtu.tn
  • Sur le site web : transtu.tn
  • A travers le numéro vert : 80100345

Y a-t-il d’autres mesures prises par la TRANSTU pour lutter contre ces violences ? Former le personnel dans les gares, les trains et les bus est-il envisageable ?

Aujourd’hui, la Transtu a procédé  à la mise en place d’une brigade de sûreté et de sécurité constitué de 104 agents répartis à travers les points noirs du réseau.

Cette brigade a-t-elle été formée ?

Ces agents ont été bien évidemment sélectionnés et formés en collaboration avec les services compétents du Ministère de l’Intérieur. Les personnels embarqués et les chefs de stations reçoivent des formations adéquates en matière de relations humaines et gestion des conflits. Des formations spécifiques seront également planifiées prochainement en collaboration avec le CREDIF au sujet de la prise en charge des femmes victimes de violence.

Comment voyez-vous la Transtu dans dix ans par rapport à ce phénomène de VFF ?

Ceci dépendra surtout de l’application de la loi pour dissuader les agresseurs et la sensibilisation du large public à tous les niveaux.

Entretien conduit par Nadia Ayadi

 

 

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