« Aucun texte religieux ne prévoit de se couvrir les cheveux au moment de déférer serment…! »
Mais qui est Hager Ben Cheikh Ahmed, cette femme de défi qu’on définit souvent comme directe et téméraire. Elle ne recule jamais devant le danger et va toujours loin au bout de ses choix. Courageuse dans ses actions et opinions jusqu’à prêter serment sans voile. Faisons plus connaissance avec le nouveau visage féminin de l’ARP.
Une femme déterminée ?
Déterminée oui, mais avec du détachement pour dire toujours ce que l’on pense, et faire ce que l’on dit. Je suis aussi une personne hyper organisée, ma vie est rangée dans des « files/dossiers ». Je n’aime pas le désordre, même s’il m’arrive parfois de le laisser s’installer pour apprécier le rangement par la suite. Sur mon bureau tout est net et placé de manière claire et méthodique.
L’êtes-vous aussi dans votre métier ?
Je le suis aussi depuis mon travail, mes projets, la gestion du quotidien… jusque dans ma cuisine. On me demande souvent comment je fais pour concilier entre vie de famille, carrière scientifique et carrière médiatique et maintenant carrière politique ? Je réponds toujours que tout est question d’organisation. Je n’aime pas perdre mon temps dans des futilités. Le planning de ma journée est organisé à l’avance. Je me fixe les objectifs à atteindre et c’est ainsi que je ne m’éparpille pas.
Pourtant on dit souvent de vous que vous êtes anticonformiste..
Sans doute car je n’aime ni les préjugés, ni les idées reçues, et je n’aime pas suivre. J’aime affirmer mon caractère et ma personnalité. Je trouve toujours à dire sur les choses. Je respecte les traditions mais je les écarte tout simplement quand elles ne vont pas de pair avec mes principes et mes idéaux.
Femme de principe je suis aussi une femme d’honneur, pour qui le respect de la parole donnée est primordial ! Je n’ai jamais failli à mes engagements, ni à mes promesses. Je prends toujours comme exemple le fameux proverbe, « celui qui a donné sa parole a livré sa vie (ou son cou) », façon de dire qu’on est lié par un engagement jusqu’à l’honorer.
Il y a ce côté angélique voire pur chez vous peut-il fonctionner dans une république qui est loin d’être celle de Platon ?
Je dirais que par certains côtés je suis restée en effet, petite fille timide et rêveuse, serviable et un peu trop gentille sur les bords. Ce côté enfant qui ne sied peut-être pas à la fonction que j’occupe, sied sans doute à la femme que je suis. Très attachée aux petites choses, aux souvenirs, aux amitiés (les mêmes depuis 35 ans), au patrimoine culturel, à la famille et aux choses simples de la vie. Et cet état de chose pourrait servir le pays.
Dans l’un de vos posts « les protocoles injustes sont faits pour être bravés », en commençant par prêter serment sans le voile ?
Oui mais il n’y a pas que cela. On est en 2016 et nous avons depuis plus de deux ans une constitution qui consacre l’égalité Homme/Femme ! Or, en réalité et dans la vie de tous les jours il y a tant d’injustice et d’inégalité.
Le fait d’obliger une personne à se couvrir ou découvrir ses cheveux alors qu’elle n’en est pas convaincue est une atteinte à son libre choix et à ses convictions. Nous n’avons pas à consacrer ce genre de choses sous couvert du respect de la religion et/ou de la tradition. Doit-on rappeler qu’aucun texte ni religieux ni positif ne prévoit de se couvrir les cheveux au moment de déférer serment ? C’est donc une simple tradition, or une tradition ne peut être répétée que s’il y a un élément fondamental, qui est la conviction ! À partir du moment où on n’est pas convaincu de la chose pourquoi tomber dans le suivisme ? Chacun est libre de suivre ou de ne pas suivre cette tradition.
Je ne comprends pas pourquoi on s’attache toujours à donner des leçons aux gens et à s’ériger en police de la morale, en rappelant aux uns et aux autres ce qu’ils doivent faire ? À partir du moment où cela n’empiète ni sur la liberté ni sur les droits des uns et des autres, chacun est libre de choisir de faire ce que bon lui semble.
J’ai prêté serment sans foulard, car je n’en porte pas dans la vie. Je trouve hypocrite de le mettre juste pour jurer, alors que rien ne m’y oblige. En ce vendredi 16 septembre 2016 j’ai préféré être moi-même, jurer dignement, la tête haute de servir la patrie avec dévouement. On me jugera par la suite sur mes actes et mes paroles, sur mon intégrité et mon dévouement. Avoir ou ne pas avoir de foulard n’est ni un signe d’intégrité, ni de fidélité, ni de compétence.
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