Kairouan : Quand la mort emporte le médecin  qui portait la vie…

 

Elle s’appelait Leila Mhamedi. C’était le médecin le plus souriant malgré la lourde responsabilité de sa profession. Elle était d’une conscience professionnelle plus que parfaite.  Malgré son état de femme enceinte arrivée presqu’à terme de son dernier mois de grossesse, elle continuait à être présente pour soigner ses malades car elle ne trouva personne pour la remplacer dans ce modeste hôpital de la localité de Bouhajla dans le gouvernorat de Kairouan. Son gynécologue lui avait pourtant donné des consignes pour qu’elle se ménage un tout petit peu mais en vain. Qui s’occuperait de ses malades ? Qui les rassurerait ? Elle aimait avoir du temps pour les pauvres gens et le sacrifice en vaut la peine pensait-elle toujours. En ce jour du 7 février, son époux aimant lui préparait une surprise pour le 14 de ce mois car elle aussi allait lui offrir le fruit de leur amour et le frère tant attendu des deux petites filles. Elle était de garde samedi dernier malgré sa grossesse à risque. Mais ce jour si triste, lors d’une consultation, elle était éreintée. Elle avait fait une crise convulsive lors de la consultation suivie d’une embolie pulmonaire massive. Elle eut un malaise et ses collègues inquiets l’ont transférée à l’hôpital des Aghlabites de  dans un semi coma. Placée sous surveillance, elle avait hélas déjà perdue la vie. Ses confrères ne voulaient pas l’admettre et malgré tous leurs efforts pour la sauver, ils se sont rendus à la cruelle évidence. Leila, la douce, Leila l’aimante, Leila le sourire,  a fermé pour toujours les yeux.

Le Dr SBM affirme le cœur serré : « Je viens d’apprendre le décès sur les lieux de son travail,  le Dr Leila Mhamedi, ce  médecin urgentiste enceinte au 9ème mois. Elle est partie sans doute pour un monde meilleur emportant avec elle son bébé et laissant orphelines ses deux fillettes. Elle avait continué à travailler contre vent et marées, malgré son état de santé, pendant que ceux qui la fustigeaient n’hésitaient pas à prendre des congés de longue durée ». …
Leila est partie pour fuir tous ceux qui la méprisaient….la dénigraient…la dévalorisaient….l’insultaient à longueur de journée…Une douleur de plus affecte les blouses blanches, dignement on ne condamnera personne pour ce sacrifice.   On n en parlera pas trop. Question de dignité mais je pleure la perte de Leila….je pleure la perte de l’enfant de Leila…Je pleure la perte des valeurs dans mon pays.

Le Dr D.M confie quand à elle « qu’avant, on ne signalait pas les sacrifices du corps médical… Il y avait une certaine pudeur… on trouvait cela normal…Mais non ! On le mettra en valeur dorénavant pour que certains journalistes aient à leur tour un peu plus de pudeur… »

N.A

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